Sanofi : nos questions, leurs réponses

par Cyril Pocréaux 26/09/2017 paru dans le Fakir n°(82) Date de parution : septembre octobre 2017

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Dans le dernier numéro de Fakir (n°82), le dossier consacré à Sanofi détaille comment l’entreprise, quatrième groupe pharmaceutique mondial, met à mal la recherche sur les médicaments, sur les vaccins.
Comment elle détruit l’emploi, en France et dans le monde.
Comment elle détruit des usines neuves, qui n’ont jamais servi, ou des millions de doses de vaccin.
Comment elle détruit, finalement, notre santé.
Tout cela avec l’aval de nos dirigeants politiques – Emmanuel Macron en premier lieu – et en étant financée par l’argent public, via la Sécu ou le Crédit impôt recherche.
Et en pointant comme le champion français des dividendes, avec quelque 3,7 milliards d’euros distribués à ses actionnaires en 2016.

Au fil de ce dossier, on se disait que la direction de Sanofi avait, forcément, des explications à fournir. Fin mai, nous les avons donc contactés par mail et par téléphone, proposant une rencontre à Montpellier avec le directeur du site, Xavier Tabary. Il n’a pas pu nous recevoir, ni nous rappeler, pour cause d’emploi du temps trop chargé. Entre la mi-juin et la mi-juillet, nous avons cherché à de multiples reprises à joindre Isabelle Depauw-Mercier, responsable du site de recherche de Neuville, via sa messagerie et son assistante. Pas de retour de sa part. Enfin, le 24 juillet, nous avons demandé par lettre recommandée un rendez-vous avec Olivier Brandicourt, directeur général de l’entreprise. Malheureusement, il n’a pu nous recevoir pour « raisons d’agenda ». Son service communication nous a toutefois envoyé ses réponses – loin, à nos yeux, de répondre à nos interrogations.

Nous les publions ici, dans leur intégralité.

 Fakir : Comment expliquer la destruction à Montpellier d’un bâtiment flambant neuf de 107 millions d’euros, le DI50, qui n’a jamais servi ?

La réponse de Sanofi :

A savoir :
Un médicament, c’est souvent quinze, vingt ans de recherche et de développement. Le DI50 a été construit en six ans seulement, entre 2005 et 2011. Depuis peu, certaines entreprises se lancent dans la copie des produits biologiques. La nouvelle orientation stratégique (produire des produits qu’on ne peut pas copier) sera peut-être bientôt caduque. Et un nouveau DI50 à nouveau nécessaire ?

Fakir : Comment justifiez-vous votre politique de l’emploi, qui s’est traduite depuis 2009 par de lourdes pertes d’effectifs, en particulier dans la recherche, en France comme dans le monde ?

La réponse de Sanofi :

A savoir :
Plus que le nombre de recrutements en 2016, nous aurions aimé évoquer le solde entre le nombre d’embauches et de personnes qui quittent l’entreprise, qui lui est largement négatif (voir notre dossier). Et combien, parmi les personnes recrutées, de contrats de qualification, d’intérimaires, dont les rapports confirment qu’ils augmentent sans cesse ? Combien de contrats précaires renouvelés qui gonflent les chiffres pour remplacer un seul CDI ?

Fakir : Comment expliquez-vous le processus d’externalisation de votre recherche scientifique ?

La réponse de Sanofi :

A savoir :
Brandir un chiffre de six milliards pour la recherche n’a pas de sens quand on y intègre l’achat, à prix exorbitant, de produits clés en mains pour favoriser le cours en bourse de l’action. Quant aux « partenariats », eux aussi très coûteux, ils s’apparentent souvent à une perte de compétences. Celui avec Regeneron, 27% du budget externe à lui seul et dont Sanofi se réjouit ici, avait en fait pris fin une semaine avant que nous ne recevions cette réponse. Le laboratoire américain a en effet annoncé début août la fin de sa collaboration avec l’entreprise française, et qu’il se réservait le droit de développer seul tout nouvel anticorps issu de dix ans de recherche commune.

Fakir : Comment justifier la politique de Sanofi de privilégier toujours plus ses actionnaires au détriment de la recherche et de l’emploi ?

La réponse de Sanofi :

C’est ici un mystère, qui résume le cas Sanofi : comment, sur un marché des médicaments aussi incertain (l’histoire des vaccins contre la dengue le prouve), peut-on prévoir des années à l’avance, comme Sanofi l’avait fait dès 2012, qu’on versera plus de 50% de ses profits aux actionnaires ?

Fakir : Comment justifier, au vu de la baisse des effectifs dans la recherche, de toucher chaque année de l’Etat près de 150 millions d’euros de Crédit impôt recherche (CIR) ?

La réponse de Sanofi :

Cela ne résout pas le paradoxe : Sanofi touche l’argent du CIR pour embaucher davantage de chercheurs, ou a minima maintenir leurs emploi. Or, l’entreprise détruit des postes de chercheurs par milliers.

Portfolio

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