Nos miettes du gâteau

par Vincent Bernardet 26/08/2016 paru dans le Fakir n°(74) 20 février 2016

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Athènes, le 26 octobre. Y a pas que Vinci et Bouygues : Fakir aussi rachète la Grèce…

Alexis Tsipras a renié ses convictions, plié devant Bruxelles et Berlin : il devenait dès lors fréquentable, l’ami de la France. En visite à Athènes, François Hollande lui offre la (formidable) Histoire socialiste de la Révolution française, par Jean Jaurès.
Voilà pour sa main gauche.
Sa main droite est plus fournie :
« Dans les valises de François Hollande, nous informe France 2, cinq grands patrons français venus serrer la main d’Alexis Tsipras et chercher leur part du gâteau grec. Le pays est à vendre et il y a des affaires à saisir. Déjà vendu, une partie du Pirée, le grand port d’Athènes, aux Chinois. Vendus aussi, quatorze aéroports régionaux, aux Allemands pour plus d’un milliard d’euros. Soldées, des plages et des marinas comme celle-ci dans la banlieue d’Athènes à des investisseurs turcs et arabes. 450 millions d’euros. Mais pour rembourser ses créanciers, ce n’est pas suffisant. La Grèce doit vendre plus, et c’est là que les Français voudraient rentrer dans la danse.
Reste à vendre les routes et les autoroutes. Un gros marché qui intéresserait le groupe de BTP français Vinci. Les chemins de fer aussi sont à céder. Pour la maintenance le géant Alstom se tient prêt. Des investisseurs en position de force, la Grèce est sous pression. Elle s’est engagée à retirer cinquante milliards d’euros de ses privatisations. »

Y a pas de raison.
Nous aussi, on a le droit à des miettes du festin. Du coup, on appelle à Athènes la Chambre de commerce franco-hellénique :
« Je vous appelle parce que je souhaiterais investir en Grèce, j’ai vu qu’il y avait des opportunités.
- Tout à fait oui. Avec nos plans de privatisations, il y a plein de bonnes affaires.
- Donc voilà, j’ai lu dans
Le Figaro, parce que je m’intéresse un peu aux affaires donc je lis Le Figaro, et ils disaient que la Grèce était à vendre, que c’était la braderie. Alors voilà, je voulais tenter ma chance. J’ai raison, non ?
- Tout à fait, il y a des jolis coups à faire. Mais qu’est-ce qui vous intéresse ?
- Je ne sais pas trop...
- Parce qu’on a pas mal en exploitation touristique, mais aussi dans l’industrie, on a beaucoup de terrains industriels, vraiment ça dépend. Le tourisme, ça marche bien. Il y a des grands hôtels qui sont en vente par exemple. Mais il y a aussi dans l’alu, le ciment, les produits alimentaires... Si vous voulez, on peut vous organiser un voyage…
- La tournée des bonnes affaires ?
- Oui oui. Par exemple dans le BTP il y a des trucs à faire... Ou bien dans les eaux et les déchets. Parce que la Commission nous impose de nouvelles normes, donc là il y a des affaires. Beaucoup d’opportunités. Et les privatisations vont continuer : il y a les trains, l’électricité, enfin une partie de l’électricité, les ports...
- Très bien, parce que moi ce qui m’intéresse c’est que ça soit pas cher. Je vais être honnête avec vous, je viens de gagner un peu d’argent là et du coup je voulais l’investir.
- Ah oui ça vaut le coup, vraiment.
- J’ai gagné 15 000 € au grattage, là, et donc je pense qu’il y a de belles affaires à faire chez vous.
- Tout à fait. Mais vous m’avez dit 15 000 ou 15 millions ? »

15 millions ? Il va falloir un peu démocratiser le pillage. Qu’on puisse tous y participer gaiement.

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Messages

  • la situation de la Grèce, où vit un de mes fils, me rappelle douloureusement des parties de Monopoly de mon enfance ; ces parties où, les malchances succédant aux mauvais choix, m’obligeaient à vendre, à vendre et encore à vendre, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à vendre ....
    quand on se souvient que la Grèce est le berceau de notre civilisation, quelle honte de l’acculer ainsi !