Réponse à nos camarades de Pièces et main d’œuvre

par François Ruffin 11/04/2012

On a besoin de vous

Le journal fakir est un journal papier, en vente dans tous les bons kiosques près de chez vous. Il ne peut réaliser des reportages que parce qu’il est acheté ou parce qu’on y est abonné !

Suite à deux émissions de « Là-bas si j’y suis » (disponibles ici) sur « les vautours de Arkema », résumées dans l’article de Fakir ici, les militants grenoblois de Pièces et Main d’œuvre ont publié des papiers fort critiques sur leur site. En gros, d’après eux, nous défendrions le cancer français : « nos emplois valent plus que nos vies ».
On y répond ici.
Avec des questions, aussi, à ces militants « libertaires et luddites ».

Chers Yannick et Ségo, chers camarades de PMO,

Vous venez de publier sur votre site deux papiers dans votre style, qui relèvent plus de l’oukase que du débat, une excommunication jetée depuis les sommets alpestres. Mais bon, malgré votre ton de procureur, je vais faire comme si la discussion était ouverte.
Pourquoi ?
Parce que vos textes posent des questions justes, même s’ils y répondent de façon (à mon avis) injuste. Des questions à la gauche de gauche, sur l’alliance du rouge et du vert. Mais aussi des questions aux « libertaires » et aux « luddites » – au nom de qui vous signez – sur votre rapport au peuple.

D’abord, je vais faire amende honorable.
En effet, au cours de mon reportage, je me suis trop peu interrogé – et j’ai trop peu interrogé – sur le caractère nocif du PVC. Contrairement à ce que vous affirmez – mais ne chipotons pas – j’ai bien posé la question à la fois aux syndicalistes et à Martine Billard sur ces pollutions, mais je m’étais trop peu documenté en amont pour soutenir une controverse.
C’est une carence que j’admets (et je sais combien, dans votre carrière, puisque vous êtes d’anciens journalistes, vous avez quotidiennement atteint la perfection).
Mais voilà que de ce défaut, soit, vous tirez des conclusions générales sur « les syndicalistes », « les partisans du Front de Gauche » et « Là-bas si j’y suis », pour qui, tous, indifféremment, « l’essentiel, c’est l’emploi », autrement dit des millions de personnes qui penseraient indifféremment : « Nos emplois valent plus que nos vies ».
C’est du grand n’importe quoi.

Le cas Arkema

Pour quelles raisons Arkema souhaite se débarrasser de son pôle vinylique ?
Parce qu’il y a, en Europe, une élévation des normes environnementales – qui rend plus coûteuse la production de PVC ici.
Or, qu’en disent les cégétistes – d’un excellent niveau – que j’ai interrogés ? Déplorent-ils ces normes ? Réclament-ils qu’on se soucie moins d’écologie ?
Au contraire : ils approuvent. Ils se félicitent, à la fois pour les salariés et pour les populations, que leurs industries soient mieux encadrées, des rejets interdits, le recyclage imposé, etc.
Alors que dans d’autres boîtes, en effet, ça arrive, les délégués se solidarisent avec le patronat – et militent pour le dumping environnemental.
Là pas.

Mais si ces dix usines devaient finalement fermer, quelles en seraient les conséquences ? La sauvegarde de l’environnement ? Une moindre pollution ?
La fin des cancers – comme vous l’annoncez ?
J’en doute. On assistera, c’est probable, à un simple « déplacement d’activités », comme dans tant d’autres secteurs, comme pour les tanneries, comme pour le recyclage des déchets informatiques, et cette industrie se réfugiera sous des cieux plus cléments pour les rejets toxiques, en Chine ou ailleurs.

C’est à ce dessein que, dans un premier temps, immédiatement, concrètement, il s’agit de s’opposer. Car voilà qui produirait non pas du mieux, mais du pire. Même si cette opposition, ce simple maintien de l’ordre existant, ne constitue pas, et vous avez raison, un projet politique – ni écologique ni social : la « défense de l’emploi » n’a rien d’une offensive…

À chacun de mes débats, la remarque revient : « Vous citez les Continental, les Goodyear, mais tant mieux si les usines de pneus ferment ! »
Sauf qu’elles ne ferment pas pour de bonnes raisons : la consommation de pneumatiques n’a (malheureusement) pas diminué durant la dernière décennie, ni en France ni dans le monde, la voiture individuelle n’a (malheureusement) pas décliné au profit des transports collectifs. Juste que la production de pneus coûtera moins cher aux multinationales en Roumanie (pour les Contis) ou en Russie (pour Goodyear) – à la fois grâce au coût du travail diminué et aux moindres contrôles de l’administration.
(J’ai volontairement dévié du PVC au pneumatique parce que je connais mieux ce marché. Mais je vais me renseigner sur le premier, je vous promets.)

Si nous souhaitons que moins – ou pas du tout – de PVC soit consommé, moins – ou pas du tout – de pneumatiques soit produit, moins – ou pas du tout – de pesticides soit utilisés, pourquoi pas. Mais c’est à nous d’en décider ensemble, et de l’organiser – avec les scientifiques, les citoyens, les travailleurs.
Ces décisions, nous ne devons pas les laisser entre les mains des financiers. Nous ne devons pas déléguer de futurs plans sociaux, l’avenir de milliers de familles, à des vautours qui volent entre Malte et Jersey. À moins que les « libertaires luddites » ne croient que les Klesch et compagnie agissent pour le bien commun.

Mon cas

Je suis partisan de la décroissance.
J’abhorre la société de consommation.
Je n’ai guère une fibre productiviste – pour des raisons écologiques, mais aussi sociales : qui aurait pour idéal le taylorisme, la vie à la chaîne ? Des 3*8, les usines passent maintenant aux 4*8, brisant tout rythme, du sommeil, de la famille, des week-ends, etc.
Et dans mon monde idéal, j’éliminerai bon nombre de « saloperies ».
Voilà ma position de principe.

Maintenant, la pratique.
Adolescent, je pondais des textes rebelles dans une superbe solitude. Il fallait détruire le système : la télé, la bagnole, le tourisme, la pub, les supermarchés, les élevages en batteries. Mais j’étais entouré de « cons », de « moutons », de « beaufs », etc.
Ma radicalité verbale était magnifique.
C’est un peu la posture, j’y reviendrai, que je retrouve dans votre prose.

Je vais vous dire ma conviction.
Nous devons agir en deux temps : aux classes populaires, il faut garantir cette base : la Sécurité sociale (au sens large), l’assurance d’une vie stable pour eux et leurs enfants, éloigner « l’épée de Damoclès » comme me le disait encore un employé du textile le mois dernier : « On a peur, on vit dans la peur », poursuivait-il, témoignage d’un avenir non-maîtrisé. Aucune espérance, aucune transformation positive, ne peut se fonder sur cette « peur ». C’est un étau mental à desserrer.
Une fois ces fondations posées, alors, ensemble, prolétariat et petite-bourgeoisie (vous et moi), c’est toute une société que nous avons à repenser : la production, la consommation, la démocratie, etc.
Mais, de mon point de vue, on ne construira pas le second étage de la fusée sans le premier.

J’ai fait le choix – cela fait treize ans, déjà – de sortir de mon isolement de (tout petit) intellectuel. De m’extirper de mon milieu idéologique, d’aller à la rencontre des habitants de ma ville, puis de mon pays – pour sentir avec qui, malgré des divergences, malgré des différences, malgré des insuffisances, je peux lutter, avancer, même d’un pas, sur ce chemin.
Car à l’évidence, un projet de transformation sociale doit s’appuyer sur des forces sociales.

Dès lors, quant à la question qui nous préoccupe : comment agir, avec qui, pour que la rupture écologique se fasse non pas contre notre peuple, mais avec lui ? Comment faire pour que les ouvriers, déjà frappés par trente années de mondialisation, de délocalisations, ne perçoivent pas cet impératif – sauver la planète, et donc produire moins pour consommer moins – comme une nouvelle menace ? Comment entraîner des pans de la société avec nous, concilier le rouge et le vert, la justice sociale et le progrès environnemental ?

Votre cas

Vous vous désignez comme « luddites » – et en effet, vous avez beaucoup œuvré pour raviver la mémoire de ce courant (des tondeurs et tricoteurs qui, au XIXème siècle, brisaient les machines, au Royaume-Uni notamment mais également en France – des lecteurs peuvent l’ignorer). Spirituellement, peut-être en êtes-vous les héritiers. En revanche, socialement, vous revendiquer comme « luddites » relève en partie de l’imposture, de l’escroquerie : ce luddisme était un mouvement de travailleurs.
Et non d’une poignée d’intellectuels.

Ce n’est pas un crime, évidemment, d’être des intellectuels.
Ce n’est pas une honte que d’être une poignée.
Mais lorsqu’on se prétend ainsi les descendants – je le répète – d’un mouvement de travailleurs, l’absence de liens avec ces mêmes travailleurs, tout de même, pose problème, non ?
Or, à vous lire, vous faites tranquillement sans les travailleurs. Et vous seriez bien prêts à faire contre les travailleurs, contre leur volonté.

Dans votre second texte, que répondez-vous à ce prolo qui s’indigne de vos écrits (à lire ici) ? Qu’il faudrait que lui et ses camarades suivent votre modèle christique, qu’ils acceptent « une vie entière volontairement sous le seuil de pauvreté », qu’ils renoncent (entre autres) à faire des enfants, bref, qu’ils procèdent à un suicide social collectif.
Est-ce ainsi que vous comptez mettre en branle des forces sociales ?
Ce renoncement volontaire a d’autant moins de chances de se produire, par choix et dans la joie, que vous le réclamez à un groupe déjà socialement laminé depuis trente ans – quant aux effectifs, quant au taux de chômage, et même quant aux revenus.
Avec ce programme ébouriffant, dans combien d’usines avez-vous créé une section « luddite » ? Dans combien de sections syndicales avez-vous fait avancer vos idées ?
Les « luddites » du XIXème vivaient parmi leurs frères humains, pensaient et agissaient à leurs côtés.

À la place, vous voilà tels de magnifiques prophètes, seuls sur votre colline, drapés dans votre pureté, décochant vos flèches sur cette fange humaine qui, dans la vallée boueuse, enlisée dans la tourbe du quotidien, ne suit pas le chemin lumineux que vous lui désignez. Et nous voilà, oui, nous qui sommes empêtrés dans des contradictions, nous qui tentons de les résoudre, nous qui, contre l’Argent-roi, nous battons, déjà, pour nous réapproprier un peu notre destin commun, nous voilà tous – journalistes dissidents, syndicalistes, militants du Front de gauche – nous voilà tous jetés dans une même opprobre :

« Pour les syndicalistes comme pour les partisans du Front de Gauche et Là-bas si j’y suis, ‘l’essentiel, c’est l’emploi’, autrement dit : ‘Nos emplois valent plus que nos vies’. »

Ou encore :

« On n’étonnera non plus personne – ni eux-mêmes - en rappelant que le Parti communiste, le Parti de gauche, la CGT et Là-bas si j’y suis soutiennent le parti de l’industrie et de l’emploi à tout prix. »

Personnellement, vous m’étonnez.
Ce n’est pas seulement une erreur factuelle.
C’est aussi une faute stratégique.
Car il faut de l’aveuglement, ou de la mauvaise foi, pour ignorer que, aujourd’hui, sur ces questions (et sur bien d’autres !), dans la gauche de gauche, aucune doctrine n’est gravée dans le marbre. Des points de vue se confrontent, à l’intérieur même des individus. C’est comme un immense creuset, où chacun apporte ses idées contradictoires, où se mêlent bien des tendances, où s’opposent des sensibilités, où nul rapport du dernier Comité central ne vaut parole d’évangiles, où aucune ligne n’est figée, où demeurent bien des ambiguïtés, des débats non tranchés – et qui mettront sans doute quelques années à l’être.

Face à ce bordel-là, vous dites : « Regardez les productivistes à l’ancienne ! Ils se déguisent, mais pour eux, l’écologie n’est qu’un masque, etc. »
Plutôt que d’ensemencer un mouvement, plutôt que de le féconder avec vos idées, plutôt que de le pousser un pas en avant, plutôt que de batailler aux côtés de camarades, vous préférez vous tenir au-dessus de cette masse, de nous, pauvres hommes et femmes de bonne volonté, et nous assommer de votre mépris.

C’est regrettable pour nous – parce que je reconnais les apports de vos critiques.
C’est regrettable également pour vous – parce que dans les temps présents, vous avez un autre rôle à jouer que celui d’ermites criant dans le désert, gardiens d’un temple de la Pensée Juste.
C’est regrettable, surtout, pour les jeunes libertaires – auprès de qui compte votre prose, et qui pourraient adopter cette pose prophétique et, il me semble, un rien aigrie.

Le cas Kriegel

Dirigeant de la Résistance, député communiste à la Libération, exclu du Parti pour anti-stalinisme, Maurice Kriegel-Valrimont me racontait son mai 68. Il regrettait, notamment, que les militants cocos aient fait barrage pour que les étudiants gauchistes n’aillent pas discuter avec les ouvriers :

« Malheureusement, ces crétins [les dirigeants communistes] ont empêché les jeunes d’aller dans les usines, ces crétins ont empêché que sur ce plan la jonction se fasse et que, dans une certaine mesure, les attitudes verbales de Cohn-Bendit soient corrigées par la vie. C’était un sectarisme radicalement imbécile. Ça veut dire que cette politique-là a littéralement stérilisé plusieurs générations. C’est ça la réalité, hélas hélas hélas. »

Si je vous adresse cette trop longue lettre, c’est sans doute pour ça, un peu.
Parce que je ne souhaite pas que vous soyez, à votre tour, les « crétins » qui empêchent que « la jonction se fasse » – alors qu’elle peut être tentée, au moins. Parce qu’il ne faudrait pas que vous « stérilisiez » un pan intelligent, volontaire, engagé, de notre génération. Et que les libertaires, plutôt que d’épouser et de guider (un peu) les aspirations populaires, se replient dans le « sectarisme », dans des « attitudes verbales », avec des prises de position aussi autoritaires, aussi dogmatiques, que les technocrates que vous dénoncez.
Vos ancêtres luddites, une fois vaincus par une armée immense, ne se sont pas recroquevillés en un groupuscule : en Grande-Bretagne, ils ont essaimé, donné naissance au chartisme, nourri un mouvement à la fois syndical et politique (j’ai moi aussi La Formation de la classe ouvrière anglaise au XIXème siècle, par Thomson, pour livre de chevet).

Pour ma part, et pour en revenir au sujet initial, je prévoyais un dossier de Fakir, cet été, sur « Rouge et vert, c’est possible ? »
Suite à vos remarques, j’ouvrirai ces pages, je pense, avec le cas Arkema – après avoir étudié sérieusement, cette fois-ci, le marché du PVC, les projets industriels, potassé les rapports, après en avoir discuté avec le chercheur qui a adressé ce message à Mermet, avec les syndicalistes, avec les militants écolos, avec les « planificateurs écologiques » du Front de Gauche, avec vous éventuellement – si vous l’acceptez. Peut-être même que j’organiserai une table ronde.

Nous sommes bien conscients, grand nombre de militants, d’être dans une impasse, même si le demi-tour n’a rien d’évident.

Je signe en mon seul nom – parce que Fakir, là aussi, est traversé par des diverses sensibilités. Et que je ne dispose d’aucune délégation de pouvoir.

Fraternellement,

François Ruffin.

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  • Il reste des questionnements tout de même sur l’attitude des travailleurs et des syndicats, je pense à l’affaire de l’amiante.
    Il y a d’ailleurs des précisions utiles à ce sujet sur le site de Fabrice Nicolino (qu’on avait pu entendre à Là-bas si j’y suis, il y a quelques temps) : http://fabrice-nicolino.com/index.php/ (article "Sur le cancer made in France")

  • Merci pour cette belle et longue réponse, vous dites mieux que je ne peux le faire mon énervement devant le texte de PMO et des réactions qui me sont envoyé. Est-ce en culpabilisant les syndicats etc... que l’on peut répondre aux défis qui sont devant nous ? Faut-il demander que 80% des travailleurs et travailleuses démissionnent démissionnes pour le bien de la planète ? Mais certainement encore plus à l’échelle du monde. Construire une force politique, syndicale, associative, militante n’est-ce pas plus raisonnable même si c’est une utopie de vouloir sauver l’humanité, bien parti pour sa destruction rapide. Amitié militante Félix

  • Votre réponse est très intéressante, et votre ouverture à un débat plus poussé sur le sujet aussi, j’espère qu’il aura lieu. Je trouve moi aussi très difficile de concilier réellement le rouge et le vert comme vous dites, le combat social et écologique. Etant fan à la fois de vos reportages et vos réflexions sur les questions économiques et sociales notamment, mais aussi de Fabrice Nicolino qui parle lui surtout d’environnement, avec une radicalité devant la crise écologique que je peux comprendre aussi, j’espère que ce sujet d’Arkema permettra une discussion/débat entre vous deux (et d’autres) pour tenter de dégager au moins quelques points de convergence et pistes pour l’avenir.
    Est ce que le protectionnisme, social et environnemental, en rupture avec le libre échange, est un des projets qui peut faire cette jonction ?

  • Des divergences qui permettraient d’ouvrir le débat plutôt que de le fermer, c’est beau non ?

  • Des amis ?
    Je n’en suis pas sûr. En tout cas mes amis ne se permettraient pas de me parler comme ils le font dans leur lettre.

    Parce que finalement, ils ont beau jeu de critiquer l’industrie. C’est plutôt facile : ça tue, ça pollue, et ça appartient aux capitalistes.

    Mais au final, ces gentils critiques, ils en profitent à mort de cette industrie. Ça les emmerdent pas d’utiliser un ordinateur pour pondre leurs commentaires et les publier. Ils ne boycottent pas non plus les voiture ou les trains ou les trams.

    Se sont-ils jamais posé la question de savoir en quelle matière était faite les tuyaux de leur chiottes ? Parce que le PVC c’est pas seulement le cancer français, c’est aussi un matériaux solide et pas cher qui rend les installations sanitaires accessible au plus grand nombre dans le monde entier. Laissez-moi penser qu’au final il a sauvé bien plus de personne qu’il n’en a tué, pendant que ces messieurs-dames profitaient bien au chaud de tout les apports de l’industrie.

    Alors faire un bilan sanitaire, 100 fois oui. Rendre sûres les conditions de production et d’élimination du PVC 100x fois oui. L’interdire au final si c’est nécessaire encore 100 fois oui. Mais est-ce qu’ils proposent ça dans leur lettre ? Non. Tout ce qu’il font c’est vomir sur des gens qui luttent pour garder leur boulot, pendant qu’eux iront ce week-end tranquillement acheter leur bout de tuyau "made in China" à leroy-merlin. Grâce aux plus-values générés par ceux sur lesquels ils crachent.

  • Depuis plus de deux décennies, le néo-libéralisme produit une extraordinaire violence sociale — chômage de masse, pauvreté, exclusion, racisme — que n’amortit quasiment plus un Etat social en voie déconstruction. Cette dégénérescence de l’Etat social s’accompagne de la montée en puissance de l’Etat politique avec ses dérives sécuritaires et parfois racistes parce qu’il faut bien gérer politiquement les "contradictions" liées à un capitalisme sauvage. Et sauf à rompre moins avec le capitalisme qu’avec cette forme néolibérale, il n’y a pas, il n’y aura pas d’autres solutions y compris pour une "gauche" de gouvernement. On peut rêver d’un grand incendie. On peut aussi penser que les guerres civiles — Espagne 36, Chili 73 — enfantent parfois des monstres.
    Il y a quelques années, des "libertaires" tombaient à bras raccourcis sur le libertaire Chomsky qui avait fait de la défense et du redéploiement de l’Etat social, une priorité. Et c’est pourtant bien une première étape nécessaire que celle de rétablir cet Etat social, les mécanismes de redistribution (pour diminuer même à la marge, les inégalités), les conditions politiques du plein-emploi.
    Quand sur la base d’une alliance de classes — ouvriers et petits-bourgeois —, cette première condition sera politiquement admise, il sera possible de penser ensemble, celles d’une économie verte et d’une économie verte allant vers une plus grande réduction des inégalités sociales.
    Peut-être que la vraie radicalité est dans la démarche programmatique d’un … François Ruffin.

  • à RadTransf : 1000 fois oui !!! (à F.Ruffin aussi d’ailleurs)
    Ceci est un commentaire totalement improductif, mais je n’ai pas pu me retenir.

  • J’avais trouvé la référence des deux articles de PMO sur le site de Fabrice Nicolino. Je pense en effet qu’il est urgent que les ouvriers (et les syndicats) se posent vraiment la question de la toxicité de ce qu’ils fabriquent, dont ils sont les premières mais pas les seules victimes. Or, le plus souvent c’est refus absolu. Angle mort, comme dit Mélenchon.

    Par ailleurs je disais aussi : "Sur Arkema, soyons justes : la laisser brader pour un euro symbolique avec en plus un cadeau à je ne sais quelle multinationale ne rendrait pas son activité moins nocive. Tout au plus pourrait on “espérer” (?) qu’elle aille polluer ailleurs d’autres ouvriers encore moins bien protégés." Ce qui rejoint, en plus sommaire, ce que vous écrivez.

    Par contre, ayant essayé de transporter ce débat sur le blog de JLM, je me suis fait (c’était prévisible) censurer, et même blacklister, car quand j’ai voulu, ce soir, apporter en complément le lien vers votre article... nada, mon commentaire n’est même pas apparu.

    De quoi me faire un peu de souci sur la capacité à débattre de certains de ceux avec qui je vais pourtant voter, non ?

  • C’est peu de dire que tes propos résonnent en moi.
    Oui il faut rassembler -mais bien sûr pas à n’importe quel prix- et d’abord stabiliser les "gens" dans la sécurité sociale au sens large dont tu parles, pour permettre aux "gens" de respirer et d’agir sur un environnement qu’ils comprennent.
    J’apprécie ta modestie active et revendicative, en même temps que ta capacité à entreprendre - médiaactiviste ? - pour agir concrètement dans la transformation ou simplement la compréhension de notre société en lien avec toutes les sociétés humaines.
    Je crois comme toi -au sens large du terme- que la désindustrialisation de l’Europe ne sera pas la solution écologique. Et bien plutôt que c’est la volonté des décideurs de la finance, il faut créer des convergences entre les chercheurs et les acteurs c’est à dire l’alliance de ceux qui produisent face au capital.
    En résumé pour 2 axes d’actions que tu soutiens je crois aussi :
     Appui à l’alliance -politique, syndicale, associative, locale etc- tant qu’elle est utile au mouvement perceptible vers l’amélioration de la vie du plus grand nombre d’humain dans un environnement durable (of course !).
     Implication dans des expériences sociales solidaires concrètes .
    Un bisou du sud-ouest !

  • La réponse que j’attendais à ce texte négatif et désespérant.
    Si on n’arrive pas à tricoter ensemble le rouge et le vert on est foutus.
    Ce n’est pas avec des arguments aussi méprisants et qu’on y arrivera.
    Radtransf est très en colère , je le suis aussi.
    MERCI
    Et samedi j’irai quand même au meeting du front de gauche

  • Merci à François Ruffin pour sa réponse argumentée politiquement et factuellement, et pour l’honnêteté intellectuelle de son mea culpa. Je fais partie de ceux qui suivent Ruffin et Mermet tout autant que PMO dans leurs analyses et leur luttes ; on aimerait que certains commentateurs ne retombent pas dans l’invective gratuite (que sait RadTransf sur la façon de vivre des membres de PMO ??) et ne refige pas le débat dans une opposition stérile intellos-ouvriers.
    Débattre avec honnêteté et courage des contradictions qui traversent les luttes sociales n’est pas un luxe d’intellectuel, c’est une nécessité. Je suis toulousain, et le souvenir d’une manif CGTiste des employés d’AZF à la suite de l’explosion où des pancartes proclamaient « Ecolos, retourner fumer vos pétards et ne touchez pas à nos emplois » me reste en travers de la gorge : oui, ma vie et ma ville valent autant que vos emplois...
    Et oui, bien sûr que les positions intellectuelles puristes de certains libertaires ou écolos trop « surplombantes » font l’impasse sur le fait que ici et maintenant, il faut faire avec la situation réelle des gens et des mentalités qui ne se transformera pas d’un coup de baguette doctrinale magique. Mais les luttes salariales trop souvent corporatistes (« mon boulot fout le camp, comment je vais payer mon crédit maintenant ? ») ; le « peuple de gauche » trop souvent partisan frileux du statu quo « le néo-libéralisme est insupportable, retournons donc au capitalisme des trente glorieuses » : ces réalités pudiquement occultés par un ouvriérisme paresseux, ça agace également...
    Que celui qui pense, lutte, et que celui qui lutte, pense...

  • Brillantissime ! Bravo ! Chapeau bas !
    Merci pour ce très beau texte !

  • c’est quand même dingue que parce que je répond à un texte ordurier de PMO, c’est moi qui suis accusé de tomber dans l’invective. Ce n’est quand même ni moi ni Ruffin qui avons ouvert le feu.

    Quant à connaitre leur vie, j’ai assez fréquenté leur semblable pour en avoir une idée assez précise.

  • Tout simplement merci François pour cette ouverture d’esprit, ce calme face à la confrontation radicalement conflictuelle.

    Que ta démarche serve de modèle au plus grand nombre de penseurs, acteurs, journalistes, bloggeurs, politiques, décideurs, citoyens... à tous quoi.

    PhiL

  • Merci François Ruffin,
    Je me retrouve complètement dans ce que tu dis. J’aime qu’aux "vérités" à asséner on préfère les questions à poser, qu’aux invectives on préfère une faim de fraternité, et surtout j’aime qu’on s’applique à ne jamais trop s’éloigner de la vraie vie.
    Tout ça n’empêche pas l’utopie, et même au contraire.
    Fraternellement itou.

  • Consultant international en gestion de la sécurité économique, deux choses me ravissent et une troisième m’inquiète :
     la posture hautaine de PMO raillant douloureusement les défenseurs du "cancer français", ("marre de se taper les cancers de vos saloperies")
     les commentaires ulcérés qui stigmatisent les intellos bourgeois qui se gorgent du produit des défaites de la classe ouvrière, ("vos gueules les blaireaux, je me casse le cul à produire, je veux pas être au chômdu"),
     l’appel de Ruffin, dangereusement prolongé par certains commentaires, à se mettre au travail pour surmonter cette contradiction.
    A bon entendeur,
    Pierre-Alban

  • Je trouve cette réponse en particulier et cette polémique en général très intéressante. C’est à mon avis les grandes questions qui devraient traverser autant les "syndicalistes & co" que les "intellos & co". Par contre ce que je trouve très dommage c’est que François Ruffin ait "balancé" dans son texte diffusé sur Internet les noms de personnes de PMO et leurs anciennes professions, alors qu’eux ont toujours tenu à rester anonymes je crois c’est-à-dire à pas signer leurs textes. Ca fait un peu vengeance mesquine - voire flic - et ça n’apporte rien au débat

  • Que voici une magistrale réponse qui me satisfait moi qui lit toujours avec délectation la prose de PMO et qui, en même temps, milite à la CGT.

  • Il me semble que ce texte, de même que les deux textes de PMO, et surtout le débat central (comment tricoter ensemble le rouge et le vert) méritait mieux que certains commentaires, qui applaudissent sans nuances les uns pour vilipender les autres.

    Soit nous travaillerons pour de vrai et ensemble sur cette contradiction centrale, soit nous serons VAINCUS. Et il n’est pas vrai que chacun de nous ne soit QUE dans un camp.

    Toutes les canalisations de ma maison sont en PVC (les vôtres aussi), j’ai respiré jadis, même si j’ai eu la chance d’y échapper ensuite, assez de trichlo pour en avoir mal à la tête tous les soirs, mais j’ai préféré garder ce boulot plutôt que de mettre ma gosse à la Ddass, et aujourd’hui, mes enfants sont soit sans boulot (ils ne respirent pas de saloperies, mais qui les envierait) soit intérimaires obligés d’accepter ce qu’on leur propose, soit tirés d’affaire sur le plan boulot, mais que respirent-ils, que mangent-ils, quelle eau boivent-ils ?

    Que nous le voulions ou non, LA QUASI TOTALITÉ D’ENTRE NOUS sommes concernés par les deux faces du problème. Merci à PMO d’avoir ouvert le feu, merci à François Ruffin d’avoir accepté le débat, merci à tous ceux qui vont le continuer.

  • Très bon article qui exprime très bien les ressentis que j’ai pu avoir vis à vis de PMO.

    Pour alimenter le débat sur l’alliance du rouge et du vert, je vous conseille cet interview de JL Mélenchon sur l’écologie : http://vimeo.com/39683696.

  • Même si je ne partage pas les espoirs que vous placez dans les partis et syndicats (dans un texte d’Article11 je pensais notamment à vous en parlant des "nostalgiques du grand parti des travailleurs"), j’apprécie beaucoup votre réponse à PMO, et son ton. J’avais reproduit leurs deux textes sur mon blog, même si je n’étais pas d’accord sur tout et d’abord sur leur posture arrogante, comme je l’exprime sur le blog en question quadruppani.blogspot.com . Puis-je reproduire votre texte sur mon blog (pour un certain équilibre) ou préférez-vous que j’y renvoie simplement ?

  • Serge Quadruppani : Vous pouvez reproduire l’article (sans oublier toutefois un petit lien vers ici !).

  • Oui, on n’a pas l’habitude de voir les forces syndicales proches du marxisme se préoccuper d’écologie et de l’indispensable destruction de l’industrie de masse : dans le contexte énergétique et climatique de demain, qui impose un bouleversement total de l’économie actuelle, il est évident que les solutions de production viables vont vers la micro-industrie, l’artisanat, le fiable vs l’obsolescence programmée, le recyclable vs le jetable, le renouvelable, l’auto-production, l’impression 3D numérique, le DIY, l’échange, les matériels libres et les logiciels libres, les ressources et les matières premières locales, etc.
    C’est en celà que le rouge doit se rapprocher du vert. La production de masse, c’est fini. Et donc, le type de syndicalisme qui va avec.

  • Ouvrir le débat ? Bien sûr...
    Avec PMO ? Impossible...Les imprécateurs hautains n’en veulent pas du débat. Technologie : caca, homo habilis (qui a précédé homo erectus et homo sapiens le si mal nommé) : connait pas.
    Avec la CGT énergie (par exemple) ? Bon courage...Vouloir discuter du nucléaire (simplement en discuter) est pour eux synonyme de déclaration de guerre.

    Alors qui, à part F. RUFFIN et quelques intervenants ici-même (pas tous loin de là), pour réellement débattre de cette si difficile liaison entre les questions sociales et les questions écologiques ?

    On pourrait peut-être partir du travail d’André GORZ, non ?

  • La décroissance, à quel taux, à quel prix, et en attendant, combien de divisions ? Débat très intéressant.....

    Aux cancers du foie, on pourrait ajouter la question du risque industriel : les usines de la vallée du Rhône sont ravitaillées de la méditerrannée, par des barges de plusieurs milliers de tonnes de vinyl monomère. L’explosion de l’une d’entre elles ferait de considérables dégats aux alentours, et de nombreux morts. Un wagon de chlore sur une voie SNCF, une semi-remorque de chlore, en se vraquant sur le rail ou sur la route ferait des morts sur 1500 m autour de l’accident. Le transport des matières dangereuses, en France, n’est encadré par aucune législation.
    Le jour de l’explosion d’AZF, les usines AZF et SNPE avaient, garés dans leur cour, 7 (sept) wagons de 56 (cinquante six) tonnes de chlore. On félicite tous les bouts de béton ou de ferraille qui sont gentiment passés à côté.....Dans l’agglomération grenobloise, l’usine qui a récupéré la fabrication de Phosgène après AZF, produit chloré aussi, a conduit à une zone de danger qui vient jusqu’à la mairie de Grenoble : 318 000 (trois cent dix huit mille) personnes habitaient dans cette zone en 2004.....
    L’industrie est un vrai problème. Un immense problème. Trouver une solution ou un plan sans les salariés, effectivement très exposés, et sans les associations de riverains et de consommateurs ? sans oublier qu’un salarié peut aussi être un riverain et un consommateur. A mon avis, c’est même pas la peine d’y penser. Nous n’y arriverons que si les salariés, les riverains et les consommateurs trouvent ensemble une sortie de l’industrie. Et font front contre les propriétaires des usines. Et je en vois pas d’autre moyen de trouver une solution que d’en discuter avec les syndicats......Il faut juste qu’on ne se fasse pas promener pendant des lustres.

  • "Mais lorsqu’on se prétend ainsi les descendants – je le répète – d’un mouvement de travailleurs, l’absence de liens avec ces mêmes travailleurs, tout de même, pose problème, non ?"
    euh parce que intellectuel comme vous dites c’est pas travailleur,
    les révoltes luddites du XIXe siècle en Angleterre(et ailleurs)c’était aussi contre le syndicalisme, vu comme outil de la collaboration de classe dés sa naissance en Angleterre,les travailleurs dont vous prenez quelque peu le parti en sont sérieusement éloignés,les luddistes passeraient pour des intellectuels à leurs yeux,

  • Je suis une écolo convertie par René Dumont, qui a suivi les combats entre les verts et les rouges (PC essentiellement) pendant des années. Il semblait toujours que la défense des travailleurs se faisait au détriment de l’environnement.
    Mais les choses changent, je le crois fermement. Ces échanges autour du PVC d’Akema l’illustre bien. Je dois dire que pour moi se lève donc un immense espoir.
    Merci M. Ruffin pour ce texte et cette ouverture.
    Personnellement, je regrette que M. Nicolino ne soit pas prêt à participer à cette synthèse nécessaire entre rouge et vert.
    Pour le fait d’être viré par le WM du blog de M. Mélenchon, je pense que c’est complètement compréhensible. Ce n’est pas le bon timing, à une semaine du premier tour, pour indiquer à ceux qui lisent le blog pour chercher du matériel propre à démolir encore plus le FDG qu’il existe une polémique sur Akema. Il n’est pas nécessaire de leur mâcher le travail, alors qu’ils ne s’intéressent pas de toutes façons à ce débat.

  • Bien, de tous ces commentaires, je retiens notamment celui d’Alban Bereta de la Chevrotine...
    La gauche a la force des idées, leur faiblesses aussi lorsqu’elles deviennent des lignes de division. Rappelons aussi que l’opposition cent fois rejouée entre les intellectuels et les travailleurs participe d’une stratégie de casse de la droite et des libéraux, et de l’idéologie malsaine qui voudrait faire se contredire l’action et la pensée : ceux qui attaquent PMO à ce titre reprennent sans bien s’en rendre compte l’argument du "pragmatisme" contre la réflexion, et inversement PMO s’enferme dans une posture qui peut fleurer le mépris de classe.
    J’ai du mal, je l’avoue, à comprendre les "puristes" qui refusent le Front de Gauche pour des raisons qui me paraissent toujours secondaires (parfois même mesquines) au regard de la tâche immense qui s’offre à nous et de l’état de déliquescence avancé de nos sociétés ; pour une fois qu’une force aussi radicale est en mesure d’accéder au second tour, il faut être sacrément peine-à-jouir pour se priver du plaisir de participer à cette offensive. Moi-même je ne suis pas d’accord à 100% avec le FG, j’aurais plutôt tendance à penser comme Chomsky d’après l’un des commentaires que j’ai pu lire : à savoir que la ré-extension du champ étatique en matière sociale et écologique est nécessaire pour pouvoir ensuite "trouer" en quelque sorte cette hégémonie de l’Etat - le problème essentiel étant actuellement l’emprise financière et capitalistique sur la politique et la société. Quand on fait tout un foin pour des différences de millimètres de notre côté, on en oublie ce à quoi on s’oppose à des kilomètres de notre pensée.
    En un sens, que le débat ne cesse jamais est une bonne chose, et PMO permet, lorsque Ruffin prend la peine de répondre posément (ce qui n’était quand même pas donné d’avance !), de ne pas tomber dans le confort intellectuel, dans ce qui pourrait être un nouveau consensualisme de la gauche de gauche. Le mépris et le rejet ne seraient vraiment justifiés que si le FG était un parti dogmatique (le PC stalinien des 60’s décrit par Ruffin) : alors certes il s’agit encore d’une institution politique relativement traditionnelle par certains côtés, mais il y a là tout de même la possibilité de débats internes nourris et vraiment contradictoires du fait de la multiplicité des soutiens et organisations impliquées.
    J’invite les curieux à chercher des informations sur une réunion qui s’est tenue au QG début avril avec des ouvriers en lutte dans diverses entreprises qui avaient élaboré des projets de relance de leur industrie combinée à des impératifs écologiques : voilà un travail pratique ET intellectuel qui me semble précieux. Que dans les faits tous les problèmes d’emploi et d’industrie ne puissent pas être réglés ainsi est évident ; mais entre ces projets particuliers et de grandes lignes politiques réorientant la production, il est possible de trouver, sans jamais abandonner la controverse bien ordonnée, des solutions autres que seulement ponctuelles.
    Parce que bon hein on papote, mais en attendant, c’est ça qui se trame : http://www.fakirpresse.info/Le-plan-de-bataille-des-marches,359.html

  • @ Mélopée

    A la fois je suis d’accord, ce n’est peut être pas "le bon moment" pour lancer une controverse sur Arkéma et le PVC. Mais je peux quand même pas m’empêcher de me souvenir de ceux qui nous ont fait avaler bien des grenouilles, depuis les chars de 1956 à Budapest à ceux de 1968 à Pragues, sous prétexte de ne pas désespérer Billancourt.

    Alors, le bon moment, ce sera quand ? Car on sait que quand des élections sont en cours, on la ferme pour ne pas faire perdre des voix à son candidat, et quand il n’y a plus d’élection en vue, tout le monde la ferme et retourne à ses petites affaires et ceux qui continuent à crier crient dans le désert.

  • @cultive ton jardin
    "ceux qui continuent à crier crient dans le désert."

    Si vous n’arrivez pas à vous faire entendre de la population, il faudrait peut être vous remettre en cause et pas seulement accuser le "stalinisme" des autres orgas.

    @pop
    "solutions de production viables vont vers la micro-industrie, l’artisanat, le fiable vs l’obsolescence programmée, le recyclable vs le jetable, le renouvelable, l’auto-production, l’impression 3D numérique, le DIY, l’échange, les matériels libres et les logiciels libres, les ressources et les matières premières locales, etc."

    Belle collection de fantasmes de geeks petit-bourgeois. Fantasmes technicistes ironiquement.

    "La production de masse, c’est fini. Et donc, le type de syndicalisme qui va avec."

    Au moins on voit dans quel camp vous vous situez.

    @tous les anti-industrie :

    Vous rejetez l’industrie, très bien. Mais que faites vous à propos des produits de l’industrie dans votre vie ? Est-ce que vous les rejetez tous, au moins dans votre vie privée, ou bien en profitez-vous ? Êtes vous cohérent avec vous même ou êtes vous du genre à "accabler de lazzis les uniformes qui veillent sur votre sommeil" ?

  • Invitez aussi à votre future table ronde Fabrice Nicolino qui, au delà de son remarquable travail journalistique, continue de s’arc-bouter dans une position proche de celle de pièces et main d’œuvre.

    Cela fera du beau grain à moudre !

    Amicalement

  • Bonjour.

    La réponse de François Ruffin qui s’adresse à ses amis de PMO en leur disant (je résume) "mais enfin on est amis, c’est pas le moment de se chamailler il vaudrait mieux travailler ensemble au lieu de pas être d’accord et d’ailleurs c’est vrai j’ai pas parlé de tout mais comme vous m’avez bousculé je vais faire un dossier la-dessus cet été dans Fakir mais arrêtez de me bousculer", me confirme que PMO ont bien fait de le bousculer.

    C’est dans la controverse, lorsque des positions sont affirmées, qu’il peut y avoir discussion.
    Si PMO s’étaient contentés d’une discussion avec François Ruffin sur un coin de comptoir, s’ils avaient mis de côté cette controverse ("c’est pas le moment"), on ne serait pas là en train de constater que "c’est intéressant quand même" et d’y consacrer un dossier cet été dans Fakir.

    Alors, oui, le mouvement a probablement besoin de gens qui lui jettent des caillasses (théoriques) dessus pour le réveiller, le questionner. Et PMO assument ce rôle.

    Et quand je lis que "Parce que le PVC c’est pas seulement le cancer français, c’est aussi un matériaux solide et pas cher qui rend les installations sanitaires accessible au plus grand nombre dans le monde entier. Laissez-moi penser qu’au final il a sauvé bien plus de personne qu’il n’en a tué" (dans les commentaires de l’article), je me dis qu’en effet, cette discussion est importante dans les rangs de la gauche de gauche. Parce que ce que je lis là, moi, c’est bien "nos emplois valent plus que nos vies".

  • @acrat

    C’est dommage que les jeux olympiques de la mauvaise foi n’existent pas, parce que arriver à lire "nos emplois valent plus que nos vies" quand je dis "il a sauvé bien plus de personnes qu’il n’en a tué", c’est digne de la médaille d’or.

  • Plusieurs réactions à la lecture de cette réaction.
    D’abord, moi qui suis une vieille militante, j’estime que les journalistes (les bons) nous sont fort utiles, et je m’oppose en cela à nombre de militants (jeunes notamment) fort hostiles aux "valets du pouvoir" et j’en passe. Mais avec votre réponse à Pièces et main d’oeuvre, j’aurai du mal à vous défendre. Vos méthodes policières sont du plus mauvais effet et me rappellent d’anciens procédés détestables. Qu’est-ce qui vous a pris de balancer comme le plus vulgaire indic ? Je suis déçue car j’appréciais certains de vos reportages, et je vois que "la fin justifie les moyens" y compris chez les plus engagés des journalistes. Tant pis.

    Autre remarque, à propos du mouvement luddite. Il est absurde et fallacieux de demander "dans combien d’usines" PMO aurait créé des "sections luddites". Les luddites justement refusaient d’entrer à l’usine, ils étaient des maîtres-artisans attachés à leur autonomie d’organisation et pour cette raison, refusaient d’être enrôlés dans les casernes du capital.

    Enfin vous opposez, non sans mépris, luddites et intellectuels. C’est, là encore, impropre.
    D’une part parce que les luddites avaient une réelle activité intellectuelle, notamment à travers des comités de correspondance d’une ville à l’autre. D’autre part parce que Lord Byron lui-même fut l’un des plus fervents défenseurs des luddites au parlement anglais. Lord Byron qui n’était pas, faut-il le rappeler, un "travailleur".

    Bref, quand on attaque ses "camarades" sur le thème de "l’imposture" ou de "l’escroquerie", mieux vaut assurer ses bases. Cela n’a sûrement pas gêné la majorité de vos lecteurs, à ce que je lis, mais pour moi, cela sonne aussi faux que maladroit.

  • "Si vous n’arrivez pas à vous faire entendre de la population, il faudrait peut être vous remettre en cause et pas seulement accuser le "stalinisme" des autres orgas." (RadTransf) :

    Je n’ai pas employé, je n’emploie d’ailleurs jamais le mot de "stalinisme". Quand je parlais de "ceux qui crient dans le désert", je ne parlais pas de moi, ni de personne en particulier, je voulais seulement dire qu’en dehors des élections, il est beaucoup plus difficile de lancer un débat sur quelque chose d’important, parce que la caisse de résonance que sont les médias et la plus grande activité de tous les militants s’estompe complètement.

    Je suppose que c’est Budapest et Prague qui vous ont mis en colère, pourtant, il me semble bien que même le PC ne défend plus ces interventions scélérates, je me trompe ?

  • Merci. L’intégrisme décroissant est aussi ridicule que celui de LO, mais moins rigoureux sur le plan conceptuel. La bagnole on pourrait s’en passer en ville, mais pas question d’abandonner le tracteur, la machine à laver, l’ordinateur, l’avion,le tgv, la péridurale...Prôner la décroissance c est perdre son temps, parce qu’elle arrivera de toute façon. Mais une décroissance moyenne n’est pas incompatible avec un accroissement des inégalités. Qu’ils aillent s’occuper de leurs chèvres et laissent les grands discuter tout seul.

  • Comme le disent en général les gens de l’encyclopédie des nuisances (mais riesel est-il un intellectuel ou un paysan ?) la réflexion indispensable à conduire est une sorte d’inventaire. Mais il me semble clair que de cet inventaire on ne tirera pas de quoi maintenir l’emploi industriel au niveau actuel.
    D’autre part si on décide par exemple qu’une pelle est un objet utile faut-il pour autant maintenir une production industrielle de pelles ? C’est dans Os Cangacieros qu’on peut lire cette analyse intéressante du mouvement luddite, à savoir qu’ils ne se battaient pas contre la machine industrielle en elle même ou parce qu’à cause des machines on avait moins besoin de bras. C’était en réalité un combat contre l’organisation même de la vie qui est imposée avec elle, ce que d’autres ont appelé la tyrannie de l’horloge. Car auparavant le travailleur agricole ou artisan avait une bien plus grande liberté dans l’organisation de son activité, de son temps. On pourrait donc aussi fabriquer des pelles de façon artisanale et non pas industrielle.
    Restera-t-il des objets que l’on jugera indispensables, non-polluants, qui nécessiteront tout de même un mode de production industriel ? A voir, ce n’est pas forcément impossible.

  • @cultive ton jardin

    Non, c’est moi qui ai parlé de stalinisme.

    Le problème de se faire entendre est réel, mais pas franchement nouveau. Et il y a bien un problème à régler du coté de la gauche vis à vis de ça.

  • Après François Ruffin vs les féministes radicales,
    Voici François Ruffin vs PMO !

    Le choc des cultures, le choc des générations.

    D’un côté les quinquagénaires grenoblois, acides et rageux, anciens "maoïstes" plein d’espoirs à 20 ans, "luddites’’ aigris à 55 ans, des soixante-dix huitards qui n’ont jamais digérés les années 80, Malville, Mitterrand, les Verts, le PSU, les militants radicaux qui retournent leur veste, les camarades disparus. 30 ans de baffes dans la gueule. Et bientôt 10 ans de PMO comme une ultime chevauchée solitaire pour "avoir les mains propres" avant de mourir et cracher sa bile, son mépris à la face du monde. Avec des rhétoriques et des méthodes de curés rédempteurs.

    De l’autre un jeune trentenaire fringant, plein d’espoirs, avec un journal en plein développement, avec des tournées de conférences un peu partout en France, avec une audience, avec des perspectives au Front de gauche, avec des enfants, avec plein d’amis et plein de camarades, et qui n’a pas encore connu les désillusions amères de la bureaucratie, les retournements de veste des Mélenchon et consorts, les trahisons des camarades, la perte des êtres chers, les espoirs qui se fracassent sur le mur de l’âge.

    Comment voulez-vous que ces deux-là se comprennent ?

  • C’est moi ou les derniers commentaires ont été effacé ?

  • Mr Fakir, il y a des problèmes avec cette page : certain messages ne s’affichent que lorsqu’on publie quelque chose, et sont invisibles le reste du temps (testé avec firefox et chrome sous windows)

  • Bravo François !
    Tout à fait magistral !

    J’en veux tous les jours des leçons comme celle-là !
    Que n’enseignes-tu au lycée ou la Fac ?

    Je sais tu as déjà assez de boulot entre le Fakir et Là-bas.

    Continue ton oeuvre d’éducation populaire avec Daniel Mermet !

    Un concitoyen amienois qui a eu la chance de te croiser dans quelques manifs.

  • une seule chose compte réellement la jonction , l’unité dans les luttes , ensuite nous nous entendrons pour définir notre modèle de société en affinant les besoins de chacun

  • Il me semble que les ouvriers qui détruisaient les machines au XIXème siècle le faisaient seulement parce que pour eux, elles étaient synonymes de chômage, la machine remplaçant l’humain. Et pas vraiment par idéal libertaire.

    J’ai été convaincue par le discours du Front de gauche lorsque je l’ai entendu remettre en cause le productivisme, et parler d’écologie, parce qu’à mon avis, libéralisme et destruction de la planète sont intimement liés. Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins, et devons réinventer, ensemble, une autre voie, rouge et verte.

    M. Ruffin, votre billet répond à beaucoup de mes interrogations. Merci à vous.

  • L’alliance du rouge et du vert ? Et puis quoi encore ? Voyez ce que ça peut donner, c’est le discours de Billard à Lille dernièrement : un industrialisme forcené, mais moucheté de bonne conscience durable.

    « Oui nous avons besoin de l’industrie. Tous ces travailleurs qui n’ont pas besoin des patrons, oui ils savent produire tout seuls. [...] Les projets qu’ils proposent sont viables économiquement, utiles socialement car ils créent des emplois, et en plus, aujourd’hui, ces projets prennent en compte la défense de l’environnement. Les travailleurs, avec leurs sections syndicales, sont les meilleurs défenseurs de l’environnement dans l’industrie. Oui, nous avons besoin d’industrie, de pâtes à papier, de chimie, de sidérurgie. Sans ça, comment fait-on pour avoir une industrie automobile, une filière publique du ferroviaire, comment fait-on, même pour ceux qui nous expliquent qu’il faut des panneaux photovoltaïques et des éoliennes, croient-ils que les pylônes d’éoliennes se font en bois ? Non »

    Ajoutez une bonne dose de nationalisme économique, d’Etat fort, de planification (brrrr...) écologique, et au Green New Deal des Verts, vous obtenez le Green Gosplan du Front de Gauche. Ainsi nos besoins en énergie seront calculés et planifiés centralement par des experts en "qualité de vie". On remplacera le nucléaire par des panneaux photovoltaïques et des éoliennes, les autoroutes par des canaux, l’amiante "sale" par de l’amiante "contrôlée" selon des "seuils" d’acceptabilité, et tout repartira comme avant, sans rien changer au fond.

    Il y a ceux qui tirent les conclusions qui s’imposent : combien de Tchernobyl, d’AZF, de Fukushima, d’épidémies de cancer et de maladies neurodégénératives avant de bouger ? Et il y a ceux qui chipotent, qui veulent nous refaire le "coup de 36", du troisième tour social, du "on verra après, d’abord on se regroupe tous derrière le même chef", etc.

    Bien sûr qu’il est plus que légitime de vouloir sauver sa peau au moment d’un "plan social". Mais il est souvent trop tard, à ce moment-là, pour poser les questions de la vie que l’on veut. Et ce n’est pas la hiérarchie cégétiste, qui se satisfait à chaque construction de centrale nucléaire, qui les posera.

  • J’ai habité pendant près de 15 ans à quelques hectomètres (à vol d’oiseau) de l’usine classée SEVESO2 Arkema-Atochem-Atofina (ça changeait constamment de nom) de Brignoud à coté de Grenoble. J’étais encore dans le coin lorsque le site a fermé. A l’époque je bricolais un peu dans le syndicalisme dit radical (SUD) et j’ai rencontré à ce titre l’intersyndicale en lutte contre la fermeture.
    Habitant la même commune, j’en connaissais certains (parents d’élèves, animations...). Jamais aucun ne m’avait parlé de ce qu’ils déballèrent lors de cette rencontre.
     Que nous vivions à coté d’une bombe, qui plus est en mauvais état, rouillée, suintante, à bout de souffle.
     Qu’un bon nombre de leurs collègues étaient morts d’un cancer du foie, directement imputable au chlorure de vinyle monomère.
     Qu’eux mêmes étaient encore en vie, mais pour combien de temps encore.
     Etc...

    Je suis sorti de cette rencontre en pleurant quasiment de rage et de dégoût : il avait fallu l’annonce de la fermeture pour que les langues se délient, et que la légitime colère qui en résultait se mêle à la dénonciation de cette usine de merde.

    Avons nous vraiment besoin du PVC et plus généralement de tous les organo-chlorés ? Toute la chimie du chlore est née de la nécessité d’utiliser cet élément chimique qui n’est à l’origine qu’un sous-produit inévitable du processus industriel d’obtention de la soude à partir du chlorure de sodium. Sous-produit toxique bien embarrassant dont la première utilisation de masse fut l’élaboration des gaz de combat de la première guerre mondiale.

    Depuis on ne compte pas tous les produits de mort générés par cette industrie, "pesticides" (biocides ?), PCB, Agent orange, etc...

  • Bien que profondément libertaire dans l’âme, je suis entièrement en accord avec la réponse de F. Ruffin, et j’ai été très déçu de PMO, dont j’apprécie en général beaucoup les écrits.
    Je suis un ancien cénétiste (CNT), et c’est souvent le côté sectaire de certains camarades qui m’a gêné ; même si je pense que les idées anarchistes feraient sûrement avancer le monde dans le bon sens ; attention de ne pas imposer nos vues comme une avant-garde éclairée. On risque d’en rester au niveau des incantations !
    Perso, je suis souvent pour la radicalité ; mais si on est tout seul, ça ne sert pas à grand chose.
    Tout comme il est stérile de continuer à se battre entre gauche de la gauche et Anars. Je me suis rendu compte en militant très localement, que je pouvais me rapprocher et avancer avec des gens que j’ignorais dans les grandes bagarres de ces dernières années ; et je crois, ou du moins j’espère, que c’était plus dû à de l’incompréhension de part et d’autres que de profondes divergences de fond ; certains à priori sur les anars ont été dissipés par exemple... à méditer
    bien à vous tous
    Vincent

  • Un autre commentaire du texte de PMO :

    PMO à l’attaque des ouvriers qui produisent des PVC... Ou plutôt : comment l’attaque de la volonté de préserver des emplois dans les secteurs industriels particulièrement dangereux est ressentie comme une attaque contre les ouvriers eux-mêmes.

    La réponse du syndicaliste CGT est particulièrement frappante. On y perçoit cette partition assez classique : l’emploi, positif à la fois pour celui qui l’occupe et la société, s’oppose à ce qui le dénature, à savoir l’exploitation. C’est la volonté de profit qui fait que les conditions de travail sont mauvaises, autrement dit, si les ouvriers géraient eux-mêmes l’usine, il en serait tout autrement. De ce point de vue, la lutte pour la reconnaissance de la classification « amiante » d’une usine est une lutte contre l’exploitation, c’est-à-dire une lutte en faveur de la maîtrise ouvrière de l’emploi. L’enjeu de la reconnaissance n’est pas d’arrêter les productions en question (on ne s’en prend pas au travail lui-même) mais d’obtenir des compensations salariales (on se situe bien au niveau de l’emploi, c’est-à-dire du travail tel qu’il est contractualisé, comme forme d’échange induisant des contreparties). La maîtrise ouvrière de l’emploi, c’est donc la capacité des ouvriers à décider non du travail lui-même mais des contreparties qui sont légitimes. Autrement dit, dans un cadre industriel, la maîtrise ouvrière de l’emploi, c’est la capacité, le pouvoir, de décider combien vaut le sang qui est versé, de décider quelle est la contrepartie du risque industriel qu’elle prend.

    En obtenant des compensations salariales, le syndicaliste CGT espère influer sur le taux de profit et ainsi gouverner son activité par le biais de ce qui l’oriente. Il accepte les règles : c’est toujours l’argent qui détermine l’activité. C’est, en définitive, cette médiation que refuse PMO. Dans le jeu infini des compensations salariales, aucune maîtrise collective de l’activité sociale n’est pensable. On n’évitera ni la pollution, ni les cancers. Le syndicaliste CGT pense qu’en raisonnant à travers la vieille logique (il faut taper sur le portefeuille), on peut arriver au même résultat que celui que promeut PMO. Cependant, quand l’on voit la durée des luttes qui sont en jeu (90 ans pour l’amiante, par exemple) on peut constater que la stratégie CGT ne tient pas du réformisme mais de l’absurdité. Si à un niveau individuel il est important de se battre pour de meilleure condition de travail, cela ne peut constituer un discours collectif, une perspective générale. Il y a une distorsion, ici, entre la perspective syndicaliste qui part de multiples situations individuelles pour construire des revendications générales et une perspective de maîtrise de l’activité sociale qui se doit de refuser, inconditionnellement, le risque industriel.

    Bref, si les luttes locales pour la reconnaissance des risques doivent être soutenues, on ne peut rentrer dans les discours, politiques cette fois, qui parlent de réindustrialisation et de multiplication des emplois sans préciser leur substance et leurs fins. Le passage du point de vue syndical au point de vue politique n’est pas logique : il est électoraliste et défie tout bon sens qui tiendrait compte du désastre écologique et humain en cours.

    Une dernière précision : je ne sais si la saine pauvreté choisie, « responsable », est bien ce que tous les libertaires et tous les luddites promeuvent. C’est bien d’ailleurs ce qui me dérange chez PMO. Pour ma part, je dirai qu’il faut bien prendre acte des difficultés qu’il y a à effectuer de tels choix. PMO relève l’omniprésence, chez les syndicalistes, d’une critique des marginaux. Mais il me semble que ce n’est pas seulement en débarrassant les syndicats de cette critique que plus de choix de rupture se feront.

  • Je suis en grande partie d’accord avec toi, François, face aux "libertaires" (une fois n’est pas coutume...) : l’aspect pratique est évidemment à prendre en compte, surtout quand il s’agit de la survie de milliers d’ouvriers. Je ne vais pas développer parce que tu le fais déjà très bien. Je vais en revanche développer là où je me sépare de toi (une fois de plus).

    Toit d’abord, la question que met en avant PMO est primordiale : peut-on tout produire ? Cela mérite de ne pas être balayé avec un coup d’ironie ni d’être réduit à un "simple" oubli (ou une carence) journalistique. Décontextualisons, si possible : si cela avait été une usine d’armement aurais-tu traité le sujet de la même manière, François ??
    Je suis d’accord avec PMO pour dire qu’il semble, d’après l’expérience (qu’ils semblent avoir aussi), qu’il y ait une propension au sein de la gauche de gauche à ne se focaliser que sur l’emploi, au détriment d’une réflexion plus globale, d’une remise en cause totale de la société industrielle et de consommation que nous subissons. Et ce, à mon avis, parce que l’idéologie communiste privilégie le travail pour tous avant même de repenser globalement une société fondée sur une économie utile pour tous. Le thème de la décroissance n’est pas assez porteur et porté par ce spectre politique-là. Il est vrai que parler de décroissance à des chômeurs, c’est pas évident. Le bât blesse, à mon sens, là où l’idéologie PC/Front de Gauche&co érige en "idole" presque le travailleur (et non l’humain). Loin de moi l’idée de généraliser comme semblent le faire les PMO, je ne parle que d’une "propension" et je conçois évidemment qu’au sein d’un parti, il y ait toutes sortes de positions qui font perpétuellement débat (bien que le débat soit parfois tronqué au profit du consensus de façade inhérent au processus médiatico-électoral, mais ça je le développerai après).

    Il en va de même, à mon avis, avec la propension de cette même gauche de gauche à continuer, coûte que coûte à aller voter, en invoquant des arguments d’ordre pratique : cela n’aide pas à favoriser l’émergence d’une société nouvelle (ni même celle que prône Mélenchon d’ailleurs) parce qu’on reste englué dans le court-termisme qui ne fait que perpétuer le système à abattre. De plus, comme le souligne "Cultive ton jardin", dans un commentaire laissé le 12 avril sur ce site, les velléités de débat de la gauche de la gauche semblent être assez éloignées du but voulu, à savoir l’émergence d’une prise de décision populaire souveraine : à cet exemple, je peux rajouter pêle-mêle le Mélenchon de 1992 qui essayait de faire censurer un livre de Claude Guillon intitulé Suicide, mode d’emploi ; l’exemple d’un militant Front de gauche sur un marché qui dédaigne un journal tendu par un militant libertaire parce qu’il ne votera pas Mélenchon ; toutes les manip’ bureaucratiques des divers partis d’extrême gauche, visant à faire consensus (le consensus étant, pour ma part, une forme de mort du débat).... Bref, tout cela pour dire : attention aussi de ne pas tomber dans le risque opposé, tout aussi nocif que le dérapage quelque peu dogmatique de PMO, à savoir qu’à force de vouloir agir dans le présent en direction d’un bouleversement sociétal profond, on risque de se vautrer dans le réformisme inconsistant et contre-productif (aller voter, défendre l’emploi coûte que coûte au détriment d’une réflexion sur une production utile...).

    Fraternellement,
    Elvis

  • J’ajoute que cette divergence qui oppose ici les partisans de l’emploi coûte que coûte à ceux d’une remise en cause globale de la logique du travail en société capitaliste constitue, à mon sens, le point d’achoppement entre PC/Front de Gauche&Co et l’anarchisme (bien que l’idéologie univoque n’existe pas, je simplifie) : c’est là la grande force de la pensée et de la morale anarchistes (et qui m’a fait adhérer à l’anarchisme plutôt qu’au communisme des partis), à savoir une pensée globalement révolutionnaire, qui prend en compte la totalité des problèmes posés, contrairement à cette position court-termiste qui finit, bien involontairement, par couronner le règne de l’emploi à tout prix.

    Elvis

  • Mon pauvre Ruffin, effectivement vous êtes dans une belle impasse, et votre travail orienté ne nous aide pas à en sortir.

    il suffirait pourtant d’un peu d’honnêteté intellectuelle...

  • J’ai lu les deux textes de PMO et à mon sens, Ruffin ne me semble pas très honnête sur plusieurs points. Lorsqu’il dit "vos textes posent des questions justes, même s’ils y répondent de façon (à mon avis) injuste ", il ne serait alors pas "juste" de dire que les émissions de "Là-bas si j’y suis" (où Ruffin collabore de façon très active) traitent de façon si démesurée (ou omniprésente) des problèmes de pouvoir d’achat, de travail, de protection sociale, de croissance, de lutte de classe, etc. par rapport aux problèmes liés au pouvoir de la technique, au progrès sans fin du monde industriel, à sa production et à ses conséquences désastreuses sur le vivant en général que ces derniers finissent par en devenir insignifiants dans cette émission. Il ne serait pas "juste" de percevoir Mermet et consort comme des apologistes de la société industrielle et de la production régies par l’Etat (plutôt que par le marché) à l’aune de leurs émissions et des sujets qu’elles traitent à n’en plus finir sur la nostalgie des "Trente Glorieuses", sur leur utopie d’autogestion de la classe ouvrière sur à peu près n’importe quoi (Fessenheim lâcherait-elle ainsi moins de béquerels sous l’autogestion consciente de la classe ouvrière ?). En tirer plutôt fort logiquement, après une nouvelle récidive avec Akréma, que cette émission est plus regardante sur "l’emploi à tout prix" (avec ses fariboles sur des conditions de travail plus décentes) que sur nos vies est selon Ruffin "du grand n’importe quoi" . Contrairement à Ruffin, je n’ai lu à aucun moment dans les deux textes de PMO, "Défense du cancer français : séquelles" et "Réindustrialisons" : quand "Là-bas si j’y suis" défend le cancer" un quelconque passage qui annoncerait "la fin des cancers" en France si des usines comme Arkéma fermaient dans notre pays. Pour ceux qui lisent fréquemment PMO, ce collectif a toujours défendu la philosophie d’un "Ni ici, ni ailleurs" comme tous ceux qui restent "écologiquement" éveillés et conscients des désastres globaux. Là effectivement, c’est plutôt du "grand n’importe quoi" de la part de Ruffin.

    Dans la partie "Mon cas", Ruffin dévoile qu’il est "partisan de la décroissance", qu’il "abhorre la société de consommation" et qu’il n’a "guère une fibre productiviste – pour des raisons écologiques, mais aussi sociales ...". Et dans "son monde idéal, [il] éliminerait bon nombre de « saloperies »". Le "monde idéal" qui ressort fréquemment de ces articles ou de ces reportages est pourtant aux antipodes -celui d’Arkema en est la dernière preuve en date - de sa "position de principe" comme il dit si bien. On aimerait bien le voir déballer tout cela à l’antenne devant les rires si "sympathiques" de son patron, le si jovial Daniel Mermet.

    Enfin et pour conclure, il reproche à PMO "l’imposture de se revendiquer socialement comme « luddites ». "Ce luddisme était un mouvement de travailleurs. Et non d’une poignée d’intellectuels." leur balance-t-il. Ruffin s’emballe et tombe dans l’affirmation grossière. Pour quelqu’un qui prétend avoir comme livre de chevet "La formation de la classe ouvrière anglaise" de E.P. Thomson ( il se trompe dans le titre en rajoutant "au XIXe siècle" alors qu’elle commence dans le livre au XVIII), il va falloir qu’il relise attentivement le chapitre "Une armée de justiciers" relatant de cette période , et comprendre que le mouvement luddite ne s’arrêtait pas à un simple mouvement d’ouvriers. Il était au contraire socialement très varié (des intellectuels et certains membres de la noblesse ou de la bourgeoisie anglaises en faisaient parti) et très complexe. François Jarrige fait exactement le même constat dans son essai "Les Luddites - Bris de machine, économie politique et histoire". Ruffin veut nous faire croire qu’il fait preuve d’une probité légitime quand il s’agit d’aborder tout problème lié à la classe ouvrière. La teneur des sujets qu’il traite le rapprocherait ainsi de celle-ci. Il serait plus apte à en comprendre ses problématiques sociales. Plus que ne le pourrait PMO qui affirme qu’il y a bien une vie après l’usine et qu’elle vaut peut-être la peine d’être vécue. Qui pratique alors "l’oukaze" qu’il dénonce si facilement en début d’article ?

  • J’apprécie la qualité de ce débat. Daniel Vivas (message précédent) a parfaitement exprimé ma pensée. J’ajouterai que ce sujet concerne exactement ce qui commence sérieusement a me questionner sur le choix de la ligne éditoriale de la-bas si j’y suis et de Fakir. Il me semble que la plupart des sujets traités dans ces médias ne remettent pas en cause fondamentalement la société. L’objectif de ce « courant » serait donc de rogner les marges (gratter des miettes), tout en conservant le système productiviste actuel. Il me semble qu’ils n’ont pas conscience de la situation écologiques mondiales et des conséquences sociales que cela va engendrer tôt ou tard pour la grande majorité des humains : dans cette optique, quel est l’intérêt de traiter de sujets comme la finance, le respect des travailleurs, la toute puissance de la communication, l’industrie de l’armement, etc… Soit, cela participe a la nécessaire évolution des consciences, mais n’y a t il pas d’autres sujets plus fondamentaux et plus utiles pour atteindre le but que nous partageons tous ici ?
    Pour moi, il y a deux mouvements incontournables qui proposent des solutions globales en remettant en cause radicalement notre manière de voir les choses et d’appréhender la vie (et c’est bien de cela que l’on a besoin, rien de moins !) : l’instauration d’une véritable démocratie par tirage au sort (tapez Etienne Chouard sur un moteur de recherche : vous ne perdrez pas votre temps !) et la décroissance. Ces sujets, bien que ne pouvant etre ignorés par l’equipe de la bas si j’y suis, ne sont quasiment jamais abordés. C’est très regrettable, mais je reste malgré tout un fervent supporter de Mermet et Ruffin : dans le contexte journalistique actuel, ce son de cloche reste agreable a entendre ! Courage, continuons tous a lutter à notre niveau et a notre façon : toutes les bonnes volontés sont utiles, j’en suis persuadé.

  • Cher François,
    comme souvent je me suis précipité et n’ai pas pris de recul sur l’article de Pièces & Main d’oeuvre.
    C’est dur et bénéfique de me voir enfermé et habitué à ma courte pensée.
    Merci pour votre réponse à cet article et merci surtout de témoigner que vous êtes conscient de votre vulnérabilité, de vos limites. Merci pour cela, source de d’espérance pour la lutte non-violente pour la justice.
    Je regrette de vous avoir juger si vite en m’appuyant encore sur mon ignorance grande de ces sujets pour lesquels vous donnez votre vie depuis longtemps.
    Bonne continuation
    Frederic

  • PVC, plastiques, de quoi parle-ton, réellement ?
    Je vous conseille cette vidéo de 2 minutes pour mettre les choses au point :
    http://www.midwayfilm.com/

    Salutations.

  • La réponse à la réponse de PMO est disponible ici :
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=366

    et moi je la trouve plutôt convaincante !

  • Bonjour,
    J’ai suivi l’ensemble du débat et en effet, la réponse de PMO me semble d’une grande clarté.
    Qualifier de "grand n’importe quoi" une personne qui dénonce l’idéologie ouvriériste de réformisme et la défense de leur "outil de travail" par les ouvriers et ce quelles qu’en soient les conséquences "chez nous, on est malade du foie..." comme le disent eux mêmes les travailleurs d’Arkema, relève pour moi de la méprise ( pas du mépris ).
    Je pense que F. Ruffin comme d’autres ont lu et écouté des intellectuels comme Chomsky qui parlent de "servilité volontaire" et ont compris que tout cela ne relève que d’un phénomène fort connu des psys : le déni de réalité !
    Accepter d’envisager le changement est chose quasi impossible pour tout humain maintenu dans l’insécurité, privé de "social", déculturé au point de ne plus avoir d’identité et chacun sait qu’il vaut mieux généralement se contenter de ce que l’on connait que prendre le risque insensé de l’inconnu !
    Les PJCNINA de Toulouse ont payé le prix fort à ce propos, ils ont été trainés dans la boue par les travailleurs de AZF....

  • Participation des Amis de l’Egalité à la discutions via la page principale de son site lesamisdelegalite.org.
    Bonne Lecture !

  • Syndicaliste CGT de puis 1975, je suis meurtri d’être le témoin de la désunion qui règne dans nos rangs !
    Je fais partie de la fédération métallurgie et étais présent lors de la réunion de la fédé Nord/Pas de Calais qui décida de la candidature "d’opposition" à B. THIBAUT. Cet acte a permis de mettre à la vue de tous (vers l’extérieur surtout !)qu’une ligne unique et stricte n’existait pas au sein de notre syndicat : le débat d’opposition (en interne)ne suffisait plus il fallait agir. Même si cet acte ne boulversa pas l’attitude de la confédé sur beaucoup de points elle a permis "de nous compter", de constater que d’autres régions vivaient les mêmes difficultés à faire passer le sentiment de la base en opposition avec la vision "parisienne" de notre confédé !!!
    Le débat est essentiel (intellectuel) et doit prendre en compte les témoignages de ceux pour qui nous sommes sensés agir.

  • Ici, à Grenoble, c’est bien connu : quand PMO pète ça sent le caca-bio, mais ça sent quand même !

    Qui peut-on être, nous petites gens, pour savoir ce qui se cache derrière cette entreprise un peu vantarde qu’est PMO ?

    Ce qui est certain, c’est que j’en peux plus de cette mentalité à deux balle qui veut que le mépris de certain soit à la mesure de leur capacité, même extraordinaire, à produire des arguments pertinents, voire des analyses utiles pour notre éducation politique.

    Et croyez-le ou non, ça pullule de méprisants du genre à Grenoble et je crois qu’il FAUT les débusquer, leur baisser le pantalon et leur donner la fessée. Leurs discours inaudibles font beaucoup trop grésiller les ondes de la gauche de gauche iséroise qui tente tant bien que mal à poursuivre sa marche en avant.

    Jusqu’à preuve du contrainte, Yann et Ségo, puisque c’est ainsi qu’on les nomme ici, n’auraient pas besoin de vomir leur haine pour faire passer un message qui n’est pourtant pas bien sorcier - si c’était seulement ça l’objectif !

    Alors c’est quoi ? Est-ce qu’on ne serait pas un peu dans la surenchère du genre de vie "biobo", c’est-à-dire cette nouvelle génération de bobos qui, saute-ruisseaux dans les secteurs culturels auparavant, a désormais jeté son dévolu sur l’écologie et l’hygiénisme ?

    Personne n’est parfait, mais surtout n’est pas parfait celui qui refuse d’assumer une réalité autrement humaine que les banalités qu’ils publient sur leur site : toutes les idéologies, aussi respectables soient-elles, ont leurs dérives obscures et leurs attracteurs étranges ; toutes les histoires des idéologies en atteste. Sachant cela, on peut se risquer à dire que radicalité ne peut pas être l’égal de l’absolutisme idéologique pour peu qu’on ait bien les yeux en face des trous.

    Alors voilà, j’ai fait un rêve : Finit les punitions collectives verbeuses, finit les bébés jetés avec l’eau du bain, finit les paniers trop serrés pour tous les œufs qu’on évacue chaque matin, finit les avortements idéologiques, finit les infanticides pragmatiques, finit les sessions d’abstinence pour mieux déverser son "aigritude" mal placée. PMO, se contente enfin d’être l’artisan des ponts à bâtir entre le monde des idées critiques et la réalité critique de notre monde. Et rien de plus puisque c’est une tâche suffisamment ardue en soi.

    Sincères salutations.

  • Les ouvriers employes sont aujourd’ hui des privilegies et des collabos. Nous sommes des millions d´ultra precaire a nous faire cracher dessus alors que nous vivons difficilement avec quelques centaines d´euro. Beaucoup, comme c´est mon cas, n´on meme pas de RSA, soi par fierte, soit parce que l´administration les ballade.

    Nous vivons durement, aussi durement que nos ancetre voir plus (eux avaient au moins une vie sociale, pas des robots pathologiquement connectes , et la societe indistrielle est bien notre ennemi, elle qui rend asmathique nos enfans et les menace chaque jour dans leur integrite physique (j´habite comme beaucoup de pauvre au bord d´une route).

    Alors oui, nous avons fait des etudes, mais ces etudes ne nous ont pas assure d´emploi, pas de revenu, bien au contraire, il faut sans cesse mentir pour pouvoir obtenir des jobs, et souvent nous ne les obtenons pas car les employeurs se mefient des gens "eduques".

  • (suite)
    Nous avons fait des etudes, non pas parce que nous etions des privilegies, nous sommes souvent nous aussi des fils ou petit fils de paysans et mineur, mais parce que nous voulions comprendre, pendant que les autres s´en foutaient, gachaient le pognon qu´on investissait a buller.

    Nous on a pas le choix, nos maisons, on les construit et on les repart, comme dans le tiers monde, comme nos ancetre. On est pas des faineant et allez vous ...

    L’industrie est une saloperie.

    le but n´est pas de sauver son petit confort sur le dos des generations futurs, de vivre 10 ans de plus pour regarder Drucker dans un fauteuil. L’objectif c´est de se battre pour que les conditions du "bonheur" c´est a dire de la dignite, d´une vie ou l´emotion, la passion existe, soit encore possible.

    Pour cela il faut sauver ce qui reste de poisson, d´oiseau de plantes. La truite comme espece, pollue par vos PVC, vaut toute nos vie reunie, car nous sommes mortel. Durant des siecles et des siecles des enfants pourront, comme cela a ete le cas, pour nos ancetres et les ancetres de nos ancetres, trouver une raison profonde d´exister et de se battre en allant decouvrir les rivieres ou les cotes sauvages et decouvrir un monde immense et riche de promesse, qui ne se limite pas a quelques pixels et des couleurs codees.

    Meme si nous tomberons, Ludd vaincra et la defaite des luddites sera venge.
    Marx etait un traitre .

  • merci de votre article et de votre combat. je viens de lire un livre de Renaud Garcia sur le sens des limites. je suis une toute petite personne de rien du tout qui travaille dans pas grand-chose et à mi temps. je me reconnais tout à fait dans ce que dénonce ce courant contre l’aliénation du capitalisme qui provoque pour moi plutôt de la souffrance au travail. je me reconnais aussi tout à fait dans ces personnes qui n’ont pas les moyens financiers de faire des choix radicaux. merci de clarifier les choses : au moins dans ma tête c’est déjà bien moins dur à porter de savoir d’où vient le mal et vers où je dois m’orienter. livre de Renaud Garcia est un petit peu entre les deux. il donne des pistes humbles et une orientation. oh, j’avais écrit orientaction. et bien c’est ça. je suis à cultiver quelques plantes qui se mangent dans des pots de terre dans mon appartement, j’ai pu changer de poste pour être plus près de chez moi et il y aller à pied pour pas payer pétrole et taxes. j’ai repéré que l’essentiel de l’argent qui me manque c’est le gouvernement qui me le prend, sans le faire redescendre puisqu’ils ferment peu à peu la fonction publique utile. (presque la moitié de ma paye pour payer des bureaucrates qui gagnent 10 fois ce que je gagne et qui pour beaucoup à mon avis ne servent à rien). quand on a très peu d’argent on est très limité mais quand on en a assez même si c’est peu on peut faire le choix de ne donner cet argent que là où ça nous paraît juste, la façon de travailler. par exemple si ça travaille pas le dimanche. ou si c’est local et qu’il y a pas d’intermédiaire. c’est une façon de faire glisser l’emploi vers des lieux où il est libéré de ceux qui exploitent c’est une façon de créer de l’emploi qui permet de vivre. bien sûr ça vous paraît ridicule mais je crois que c’est une façon d’échapper au CAC 40 par en bas.

    ensuite vous avez certainement raison il faut surtout essayer de reprendre le pouvoir par en haut pour qu’il arrêtent de nous détruire. ça commence par les idées et par ce rassemblement.

    j’aurais juste voulu vous demander instamment de ne pas fermer votre porte d’extrême gauche aux personnes qui peut-être aujourd’hui sont dans l’extrême droite ou à droite mais qui pense très proche de vous. comme moi. j’étais pour Fillon parce que je pensais qu’il gérerai la France de façon plus traditionnelle et moins aliénée par le CAC 40. il parlait beaucoup de la souveraineté de la France. il avait une grande capacité d’écoute des syndicats quand il était au gouvernement bien sûr il venait d’un milieu bourgeois supérieur et ça agace toujours quand on gagne 1000 € par mois. mais pour autant bien que persuadée qu’il aurait fait moins de mal que Hollande ou Macron, ou même Mélenchon (en qui je n’ai aucune confiance), mes idées sont très proches des vôtres sur ce qui serait bien pour tout le monde.

    alors voilà je vous demande juste d’essayer donc peut-être pas ouvrir mais au moins ne pas fermer la porte à la droite populaire non raciste, à la droite chrétienne peu ou pas bourgeoise par exemple, parce que je crois vraiment qu’il faut que le peuple des gens ordinaires et ordinaires+ se rassemble contre la perversion de l’oligarchie qui organise nos divisions pour régner. typiquement la famille Le Pen a été portée en étendard par la gauche PS pour affaiblir la droite. c’était une tactique ce n’est pas une réalité les gens qui se sont fait avoir là-dedans sont extrêmement divers et ne correspondent absolument pas aux clichés qu’on en donne de fascistes ou de nazis. beaucoup sont juste âgés, conservateurs, ou protectionnistes. voilà je voulais vous demander d’essayer de lutter aussi contre cette division qu’on cherche à nous imposer et qui nous empêchera durablement de virer l’oligarchie pendant qu’on sera en train de se taper les uns sur les autres de façon complètement stérile.

    mais au-delà de ces détails, c’est très important le travail que vous faites de mettre en ordre toutes ces idées parce que ça nous donne vraiment cette orientation qui redonne de l’espoir, qui permet de moins souffrir, de voir une solution, de moins se sentir impuissant, de préparer nos enfants, et comme ça reste écrit, on peut partager et fédérer. continuer à faire ce que vous faites c’est exactement ce qui convient pour construire ce socle de vie et de pensée à la fois. c’est sûr une pensée juste et précise que tout le monde pourrait se rassembler, j’en suis convaincue.