Trous de mémoire

par François Ruffin 11/10/2016 paru dans le Fakir n°(51 ) juin - août 2011

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Avec La Sociale, Gilles Perret revient sur le créateur méconnu de la sécurité sociale.
Ca tombe bien, Fakir l’a fait entrer dans le Petit Robert ! Parce qu’on croit que c’est « objectif », un dictionnaire ? Neutre, même ? Mais quand une cantatrice remplace le fondateur de la Sécu, on s’interroge. Et Alain Rey nous répond.

« … et son nom ne figure même pas dans le dictionnaire ! Johnny Hallyday, oui, Rika Zaraï, oui, mais Ambroise Croizat, non ! »
C’est son biographe, Michel Etiévent, qui me racontait ça, plein d’indignation, lors d’un reportage à Notre-Dame de Briançon, la ville de naissance du « ministre des travailleurs ». Qu’Ambroise Croizat, fondateur de la Sécurité sociale en 1945, qui œuvra aussi à l’instauration des prestations familiales, à la prévention des accidents du travail, à la mise en place des comités d’entreprises, etc., que lui ne figure pas
dans le dico ? J’avais du mal à le croire.

[**Une cantatrice, des papes…*]
De retour à Amiens, j’ai ouvert le Petit Robert des noms propres (édition 2004). Et en effet : on trouvait bien « Croiza, Claire, cantatrice française (1882-1946) », puis « Crolles (38190). Commune de l’Isère », mais entre les deux, nul « Croizat, Ambroise ». Étonné par cette hiérarchie, j’ai appelé la rédaction du Petit Robert. Très courtoisement, une assistante vérifia dans l’édition 2010 : « En effet… mais on ne peut pas mettre tout le monde… » Certes. Dans la foulée, je feuilletais pour Marcel Paul – lui qui, à la Libération toujours, nationalisa le gaz et l’électricité après une bataille féroce avec les possédants (qui ont pris leur revanche, dernièrement). À « Paul », on trouve six papes, un roi de Grèce, un empereur de Russie, un linguiste allemand, un physicien allemand, mais pas de « Marcel ». Pas le créateur d’EDF et de GDF, communiste et enfant de l’Assistance. J’ai donc rappelé le Petit Robert :
– Un dictionnaire ne peut pas être exhaustif, m’a averti une autre collaboratrice.
– Je suis bien d’accord. Mais là, c’est l’initiateur de la Sécu…
– Oui, et alors ?
– Et vous avez la place pour une cantatrice et pas pour lui… Pareil pour Marcel Paul, qui a fondé…
– Vous voulez en venir où ?
– Eh bien, on se dit que c’est quand même orienté parce que…
– Il ne peut pas y avoir tous les grands hommes.
Sans doute, mais « 40 000 » notices, ça laisse quand même de la place.
La directrice m’a retéléphoné, un peu gênée, expliquant – sur mon répondeur – qu’ « il ne s’agissait pas d’ostraciser une tendance politique », etc.

[**Dans la peau de Winston*]
« Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé. » C’est dans 1984, le roman de George Orwell. Et son héros, Winston, est bien placé pour le comprendre : il travaille au commissariat aux Archives. Lui s’applique à falsifier les documents :

Lorsque toutes les corrections qu’il était nécessaire d’apporter à un numéro spécial du Times avaient été rassemblées et collationnées, le numéro était réimprimé. La copie originale était détruite et remplacée dans la collection par la copie corrigée. Ce processus de continuelles retouches était appliqué, non seulement aux journaux, mais aux livres, périodiques, pamphlets, affiches, prospectus, films, enregistrements sonores, caricatures, photographies.

Pris de remords, Winston se confie à son amie Julia :

Te rends-tu compte que le passé a été aboli jusqu’à hier ? Déjà, nous ne savons littéralement presque rien de la Révolution et des années qui la précédèrent. Tous les documents ont été détruits ou falsifiés, tous les livres récrits, tous les tableaux repeints. Toutes les statues, les rues, les édifices, ont changé de nom, toutes les dates ont été modifiées. Et le processus continue tous les jours, à chaque minute. L’histoire s’est arrêtée. Rien n’existe qu’un présent éternel dans lequel le Parti a toujours raison.

Ce passé, à ses risques et périls, Winston va s’efforcer de le mettre au jour. Sans risque ni péril, de mon côté, mais plus ça va, plus je me sens dans la peau d’un petit Winston. Plus l’utilité – relative – de Fakir me semble ça : de lutter contre une amnésie collective, quotidiennement organisée, non parce que les archives seraient détruites, juste parce qu’une actualité chasse l’autre, sans mémoire. Il ne s’agit pas de remonter au Moyen-âge, non : simplement au Cercle de l’industrie, par exemple, pour Dominique Strauss-Kahn. À 1963, pour les douanes. À la fin des années soixante-dix, pour les impôts. L’histoire, même récente, nous apporte cette leçon séditieuse : ce qui est n’a pas toujours été. Et donc, pourrait bien ne plus être. Mais deux ou trois décennies, déjà, c’est bien trop de recul pour la presse dominante. Après notre incursion à l’assemblée générale du groupe Casino, le magazine LSA« actualité consommation des ménages et grande distribution » – pointa « l’intervention bruyante d’une vingtaine de militants venus dénoncer (…) cerise sur la gâteau, le rôle supposé que Jean-Charles Naouri aurait joué dans “le big bang de la finance” entre… 1984 et 1986 (sic) lorsqu’il était directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy, ministre des Finances. » ça lui semblait surréaliste, presque, à ce parfait journaliste, qu’on cite un événement datant d’un quart de siècle. C’était de l’antiquité sumérienne, quasiment, pour lui. Le néolithique. C’est un hommage qu’il nous rendait, je trouve, avec son « sic » et
ses points de suspension.

À quoi bon jouer les historiens, que nous ne sommes pas ? C’est que l’éternel présent conduit tout droit à la résignation. Au « on vit dans le monde dans lequel on vit ». Au « c’est comme ça », qui signifie : ça ne saurait être autrement. à la naturalisation de l’existant : la libéralisation des capitaux, par exemple, pour notre reporter de LSA, voilà qui relève d’un phénomène naturel, vrai de tout temps ou presque, et non d’une décision politique.

[**« Réparer les lacunes »*]
J’ai poursuivi ma mini-enquête dans le Robert. Maurice Kriegel-Valrimont (mon héros perso), Pierre Villon, Jean de Voguë – qui dirigèrent le Comac, le Comité d’action militaire de la Résistance, l’état-major de l’insurrection. Aucun de ces noms, et plein d’autres, ne trouvait grâce aux yeux des encyclopédistes. Sur eux, pas une ligne. À la place d’un coup de fil, cette fois, je me suis fendu d’une lettre à Alain Rey, l’ancien chroniqueur de France Inter, rédacteur en chef des éditions Le Robert. En lui demandant, d’abord, que ces « trous dans votre dictionnaire soient comblés ».

... J’aurais, au-delà, une autre suggestion, épistémologique pour ainsi dire. Le Petit Robert est un outil de notre mémoire commune. Il me semblerait important de comprendre comment se forme cette mémoire, comme se forge cet outil. Qu’avec votre équipe, on réfléchisse à cette question : en février 1951, près d’un million de personnes défilent devant le cercueil d’Ambroise Croizat, alors surnommé le “ministre des pauvres” – comment les auteurs du Robert, à l’époque, ont-ils fait pour ne pas l’intégrer à leurs “40 000 articles” ? S’agit-il, dans le contexte de la guerre froide, d’un choix politique conscient ? Ou, de façon inconsciente, Le Robert construit-il une “mémoire bourgeoise” ? [...] Enfin, on pourrait instituer une réunion annuelle, avec des historiens de la Résistance, mais aussi du syndicalisme, du mouvement ouvrier, afin de réparer les lacunes les plus évidentes : au hasard, Joe Hill est absent, Marius Jacob également, etc. C’est toute une “histoire populaire” qui devrait, me semble-t-il, trouver sa place dans Le Robert.

J’ai apporté mon courrier aux Glières, avant de l’envoyer. Walter Bassan, déporté résistant, l’un des initiateurs du rassemblement, mais aussi Didier Magnin, président de Citoyens Résistants d’hier et d’aujourd’hui, et Michel Etiévent, biographe d’Ambroise Croizat, ont co-signé cette missive. Il pleuvait terrible. C’est une enveloppe gondolée, humide, trempée, qui est parvenue à Alain Rey. Qu’il nous pardonne. On attend de ses nouvelles...

Laurence Laporte, directrice éditoriale du Robert, nous répond dans un courriel : « Nous allons rattraper cette injustice et je m’engage personnellement à ce que le nom d’Ambroise Croizat figure dans notre prochaine édition du Petit Robert des noms propres. »

Alain Rey nous répond à son tour dans une lettre datée du 11 juillet 2011 :

[...] les lacunes que vous signalez correspondent justement à des domaines qui me touchent personnellement. Je signale donc aux responsables actuels de l’ouvrage l’absence regrettable de Croizat, Rol-Tanguy, Marcel Paul (au moins), sans prétendre couvrir l’ensemble de cette période. Mais comprenez que les problèmes de place, la pression de la mode, les contraintes financières sont une difficulté permanente pour ce genre d’ouvrages. En outre, la sociologie rend compte, en effet, de la prépondérance des valeurs bourgeoises dans la construction des mémoires culturelles collectives. Encore une révolution à faire ! Même si votre message n’est pas immédiatement suivi d’effet (je ne suis que consulté au Robert, depuis ma retraite), croyez qu’il coïncide dans son esprit à mes préoccupation et à mes désirs.

Après ce premier succès, Fakir compte bien renouveler l’opération avec Joe Hill, Marius Jacob... Signalez-nous tous les personnages oubliés du dico (votre tata, par exemple...) et nous transmettrons les dossiers à nos nouveaux amis !

Lettre Alain Rey

Voir en ligne : La Sociale, un chapitre du "Dictionnaire des conquêtes sociales"

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Messages

  • Bonjour,

    D’abord, qu’une cantatrice remplace un politique, c’est en soi formidable. Ensuite, votre mémoire est bien sélective. Si vous cherchez les vrais fondateurs de la Sécurité sociale, c’est plutôt du côté d’Adolphe Landry ou d’Emile Romanet que vous auriez pu chercher. Et la loi d’avril 1898 ?
    Franchement, mieux vaut une voix éteinte qu’une voie de garage (vos héros communistes), non ?

  • Bravo François...Excellent article.
    L’enveloppe s’est gondolée... et Alain a souri ... peut-être ("Encore une révolution à faire"...Bôfffff).
    Histoire à suivre
    Depuis les Alpes, fraternellement

  • Bonjour M. Ruffin,
    Bravo pour sens de la justice et du devoir : continuez, avec tous, celles et ceux qui sont porteurs de ces valeurs, de faire connaître de telles "voies de garage" : au moins chacune et chacun pourra se déterminer sur la qualité de ces voies, alors qu’une voie éteinte !!! n’a sa place que dans un lieu de repos !
    Un salut depuis la Savoie, cette terre - avec d’autres - respectueuse des Hommes et de leurs Valeurs !

  • Réponse è Jean-Marc
    Evidemment, si dans votre hierarchie mentale Rika Zaraï surclasse Ambroise Croizat, je comprends mieux le pourquoi de l’élection de Sarkozy

  • Ambroise Croizat n’est pas le véritable créateur de la Sécu, il a été chargé dans le premier gouvernement du Gal de Gaulle suite aux élections de la mise en place de la sécu crée par ordonnance...

    Cette ordonnance a été émise sous le gouvernement provisoire de de Gaulle, le ministre du travail était alors Alexandre Parodi.

    Le véritable créateur (père) de la sécu est Pierre Laroque, mort il y a environ 15 ans... Mais l’histoire de Pierre Laroque serait à fouiller et réserverait peut-être des surprises pour M. Ruffin.

    Deux noms à chercher sur le Petit Robert...

    Pour faire plaisir à M. Ruffin, j’ajoute que l’attitude de certains de ceux qu’il défend a été un peu ambiguë (Ambroise Croizat a approuvé le Pacte-germano-soviétique) comme beaucoup au PCF, même Charles Tillon dans son appel qui dénonce la guerre de l’Angleterre comme impérialiste !

  • BRAVO ! et merci à Michel Etiévent et Gilles Perret (entre autres) qui se démènent pour colporter aussi la mémoire du monde ouvrier. Peut-être seront-ils un jour dans le Petit Robert. Quant à Mr Croizat, au train où disparaissent les choses, il est évident qu’il faut consigner quelque part que la Sécurité sociale a existé avant qu’elle ne disparaissent elle aussi complètement. Nous sommes sauvés pour le droit de grève, il a été consigné avec les noms d’Ollivier et de Waldeck-Rousseau, il peut désormais devenir évanescent...
    Des Alpes aussi.. Cordialement

  • Sans jeter l’opprobre, il serait intéressant de suivre l’évolution des Rentrants et sortants du dictionnaire sur les années passées. Cela permettrait de voir si il y a lieu de s’affoler. Quand les repères disparaissent avec la mémoire et que l’on navigue à vue, il est difficile de s’y retrouver. Déjà que l’enseignement n’est pas à la hauteur pour ce devoir de mémoire et d’analyse, et c’est pas à cause des enseignants, heureusement la résistance s’organise et votre article en fait parti.
    Restons vigilants !

  • En réponse à Jean Marc :

    Adolphe landry et Emile Romanet sont les pères des allocations familiale (http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolphe_Landry) et (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Romanet)

    Quant à la loi de 1898 il s’agit de l’indemnisation des accidents du travail qui a été ensuite introduit dans l’organisation de la sécurité sociale par la loi du 30 octobre 1946...

  • rien n’est neutre dans notre vie, bien que nos dirigeants poliriques s"évertuent à nois étourdir avec leurs ritournelles en essayant de nous entraîner dans la pensée unique ; "on n’y peut rien, c’est comme ça", ETC...ETC...

  • je n’avais pas lu les commentaires qui suivent ; je suis coeurée du commentaire de JeanMarc ; pourquoi cette haine des communistes français ? sinon, pourquoi ne pas s’interroger sur la m"moire s"lective. Mon père qui n’était pas communiste était engagé dans la Résistance et nous racontait quand nous étions petits que dans la résistance on ne demandait pas à celui qui arrivait s"il était communiste ou croyait au ciel ; le principal c"est qu"il voulait se battre contre l’occupant nazi.
    un peu de bienveillance envers ceux qui ont eu de l"influence pendant la dernière guerre mondiale ; nous avions la sécu la plus performante au monde ,on voit où cela nous mène avec ces négations de Jean Marc !!! a la disparition de la sécu ... et ce n’est que le début de la désorganisation de notre societé...

  • A Crolles (Comm.de l’Isère ... ) la plus grande rue du patelin s’apelle "Avenue Ambroize Croizat" ;-)

    Bravo à Fakir (et à François) pour le boulot !

  • Bonjour,

    Je découvre votre journal par hasard (en fait, par gouguelage des mots "presse alternative").

    J’ai adoré le ton pertinent et plus d’humour de votre article, et la haute intelligence de votre démarche. Voilà une bonne ligne éditoriale pour un journal ; cela fait du bien.

    Bravo !

  • Formidable, libératrice est la réaction de Fakir. Je me suis tappé la tête contre les murs aprés avoir écouté un "Là-bas si j’y suis" intitulé "Ambroise Croiza, 60 ans aprés sa mort."j’ai une encyclopédie larousse énorme en 12 volumes datant de 1974, "Histoire de la France et des français", titre mensongé ? Aucun noms cités dans votre article n’y parait.
    Je vous suggère donc Emmanuel Louis Alexis Brousse (1866-1926). Député des PO et sous-secrétaire d’Etat au finance. Vous avez sa bio sur le site de l’ Assemblée Nationale. Je passe de temps en temps devant un monument qui lui est dédié. Il y a écrit : "Au bienfaiteur de la Cerdagne, au défenseur de la viiculture, à l’apotre des économies, au ministre mort pauvre." S’il était né 20 ans plus tard, il aurait probablement brillé par sa résistance.
    Espérant avoir apporté un petit quelque chose, salutation amicale.

  • merci de nous rendre cette mémoire, je suis de la génération de ceux qui ont oublié l’histoire(né en 1963),
    bien que celle ci nous intéresse : elle n’est disponible que grace à vos travaux
    Annie la croix riz elle aussi s’attache à rétablir l’histoire avec son livre (le choix de la défaite) on y apprend pourquoi la france à "perdue" en 39

    finalement si l’Histoire récente est traitée comme l’histoire plus ancienne : qui sommes nous ? des gaulois ?

  • Encore toutes mes félicitations pour tout le travail réalisé afin de rendre hommage à Ambroise Croizat, il m’arrive de passer assez souvent par Notre Dame de Briançon en Savoie, lieu de naissance d’Ambroise Croizat. Je l’ai appris lors de la très bonne emission de "la bas si j’y suis" ou François Ruffin interviewait Michel Etiévent sur la vie d’Ambroise Croizat
    Apparemment ça fait mal au derrière à certains de reconnaître la paternité de la création de la sécurité sociale à Ambroise Croizat. Je suis un peu curieux donc je suis allé voir un peu les noms que la personne citait (Adolphe Landry, Emile Romanet, Pierre Laroque) bref rien qui ne remettait en cause la paternité.
    Puis je suis tombé sur une page de l’union européenne des professions libérales (pas spécialement de gauche vous pouvez le croire ! plutôt anti-communiste) qui rend ( bien malgré lui) hommage à Ambroise Croizat , l’auteur était rouge de colère que la sécurité sociale ait vue le jour avec un ministre communiste qui appliquait la politique du CNR . Je mets l’adresse du site, ça vaut son pesant de cacahuètes, plus de 60 ans qu’ils ont en travers !

    http://www.sos-action-sante.com/editoria/croizat.htm

    Encore un grand merçi pour tout le boulot fait par toute l’équipe de Fakir, de "la bas si j’y suis", de Michel Etiévent et ceux que je ne connais pas.

    Fraternellement

  • Magnifique texte et bel exploit ! L’histoire populaire est un long fleuve pas tranquille du tout... beaucoup de barrages, de rapides, de sinuosités, d’angles morts, de berges abruptes, des rocailles dangereuses, des chutes mortelles, des goulets étroits et sombres... Alors, faut savoir nager à contre courant aussi parfois ! Donc bravo !
    En guise de prolongement à cette réflexion sur un dico, on peut avec intérêt lire l’histoire populaire des sciences de Clifford Conner (éd. L’échappée, 2011) ! Voilà une pub - certes - qui va quand même dans le bon sens de l’histoire : pour une fois, on parle dans l’histoire des sciences de tout ceux que l’on s’ingénue, dans les belles avenues, à passer sous silence !
    Hervé

  • Bonjour,
    article très intéressant et la réponse de M. Rey est sans ambiguité sur la tendance "mémorielle collective"...
    Puis-je suggérer à l’auteur qu’à présent, même si l’outil décrié ici reste une référence, il existe des outils que les générations d’aujourd’hui (et d’hier !!) consultent plus facilement : Internet ! et WIKIPEDIA en particulier.
    Que les biographes des hommes oubliés et autres témoins et/ou historiens se saisissent de cet outil, qui, lui, n’en est pas à 40 000 références près...
    Ce qui n’enlève rien au combat qu’il faut mener pour intégrer ces personnes dans leurs places

  • Je reprendrai cet article tellement pertinent sur mon blog dans quelques jours.

    Sur Croizat et sa fille, j’avais écris ceci :
    http://bernard-gensane.over-blog.com/article-ambroise-croizat-se-souvenir-68435254.html

    Un petit mot à JP Saint-Marc : Laroque, qu’il ne faut naturellement pas oublier, n’a pas inventé la Sécu. Laroque était un haut fonctionnaire (incontestablement plus progressiste que sa descendante Michèle, l’actrice de droite chère à Baroin) aux ordres des politiques, donc de Croizat. Sans le rapport de forces de l’époque, il n’y aurait pas eu plus Sécu que de beurre en broche. Avec ou sans Laroque.

    Amiens, Etouvie, le P3, il y a quarante ans, c’est loin tout ça.

  • de la même veine :
    Conseil municipal d’Elne (Pyrénées orientales), 29 septembre 2014 - de Nicolas Garcia : "(...) Par délibération du 4 février 2014, notre majorité de l’époque avait donné aux rues du nouveau lotissement « Les Portes d’Illibéris » des noms de femmes ayant joué dans l’histoire sociale, révolutionnaire, politique et progressiste de notre pays, un rôle essentiel. Et bien ce soir la majorité et une élue de l’opposition, après avoir voté la délibération ci-dessus, ont décidé de débaptiser ces rues. Ainsi les noms de Madeleine Fillols, célèbre sage-femme illibérienne qui accoucha nombre d’enfants à la Maternité d’Elne ; de Lucie Aubrac, résistante ; de Geneviève De Gaulle-Anthonioz, résistante, déportée, fondatrice et présidente d’ATD Quart-Monde ; de Martha Desrumaux, résistante, déportée ; de Lise London, Résistante, déportée ; de Mère Teresa de Calcutta dont on connaît l’œuvre humanitaire ; de Rosa Park, noire américaine qui refusa de laisser sa place à un blanc dans un bus aux USA à une époque où elle avait obligation de le faire ; d’Olympe de Gouges, héroïne de la Révolution Française, auteure de la « déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », guillotinée en 1793 ; seront désormais remplacés par des noms de « pics » pyrénéens tel que (...)

  • Bonjour,

    Ambroise Croizat n’a jamais été fondateur de la sécu, il s’agit là d’une pure intox !
    Bien que, je me fiche un peu qu’Ambroise Croizat soit dans le petit ou le grand Robert, mais je pense qu’il n’y a pas lieu de mettre des couronnes de laurier à n’importe qui, au risque d’être obligé d’en reconnaître la véritable paternité et là vous pourriez être déçu !

    Amicalement.

  • Bravo Fakir,
    je n’ai moi même appris l’existence de Croizat qu’il y a peu de temps, et j’ai 52 ans ! et encore, si je n’avais pas gratté jamais je ne serais tombé sur le ministre des travailleurs.
    Il en va de même pour des pans complets de l’histoire, surtout post révolutionnaire. Déjà, cet épisode de 1789, complétement faussé dans les manuels scolaires. manuels de l’éducation nationale, dont l’histoire nous fait passer Jules Ferry pour un presque saint, là aussi, c’est oublier ses bataillons noirs et le pourquoi de son éducation national, but avoué par les différentes circulaires de l’époque. vraiment, celui qui écrit le passé ...
    Encore merci Fakir !

  • Je ne vous connaissais pas.."""j’’ai apprécié votre article présente par E..houard..Je l’’achèterai dorénavant

    .

  • Bonjour,

    Raphaël Elizé fut le premier maire antillais en France métropolitaine. Il est né esclave en 1832.
    Il était maire de Sablé sur Sarthe.
    Oh mais j’oubliais, François Fillon l’a aussi été, maire hein ? pas esclave.

    Merci Fakir ;)

  • Le nom d’Ambroise Croizat ne m’était pas inconnu et maintenant je vois plus précisément qui c’est. Merci à Fakir. Mais de là à soupeser qui apparait dans le dictionnaire et qui n’y apparait pas, il y aurait beaucoup de choses à dire. Cela témoigne sans doute de quelque chose qui n’est pas innocent. Mais bon tant mieux pour la cantatrice que personne ne connait quant à Johnny et Rika, il y a des chances que plus personne ne cherche leur nom d’ici pas longtemps alors même si leur noms figurent ici tout le monde les oubliera ? Enfin il n’y a pas que le Petit Robert aujourd’hui, les temps ont changé... Bientôt peut-être l’oublierons-nous ? Où sera-t-il lui-même cité dans un autre petit robert, virtuel, papier ? Avec la toile l’encyclopédie ou le dictionnaire se sont dilatés...