Nuit debout : « Non à la loi El Khomri et à son monde ! »

par François Ruffin 14/04/2016

On a besoin de vous

Le journal fakir est un journal papier, en vente dans tous les bons kiosques près de chez vous. Il ne peut réaliser des reportages que parce qu’il est acheté ou parce qu’on y est abonné !

À Notre-Dame-des-Landes, les zadistes s’accrochent à leur bocage : contre l’aéroport d’abord. Eh bien de même, on doit s’accrocher à loi El Khomri d’abord. Après cette première victoire tout devient possible. Le chemin se trouve en avançant.

À propos de « Nuit debout » se répand, dans les médias, l’image d’un mouvement sympa, informel voire informe, mais fait de gens qui ne savent pas trop pourquoi ils viennent là, où ils vont ensemble, ni même qui ils sont.
Or, il me semble que nous savons.
Consciemment pour certains, inconsciemment pour d’autres.
Et ça peut tenir en un slogan : « Non à la loi El Khomri et à son monde ! »

« Non à l’aéroport et à son monde ! » C’est la banderole que déploient les zadistes à Notre-Dame-des-Landes. Eh bien de même, on peut dire : « Non à la loi El Khomri et à son monde ». Non à ce monde où les Klur de Merci patron !, les Fanny de Pentair, les Michel de Saintronic, les Gueffar de Onet, les Henri de Renault (voir les témoignages sur le site de Fakir ou de On vaut mieux que ça), sont jetés comme des kleenex, sur l’injonction d’un fond de pension, d’un PDG ou d’un petit chef.

Ce monde où, depuis trente ans, culminent les dividendes des actionnaires, tandis que les salariés doivent « se moderniser », « se flexibiliser », « s’assouplir », c’est-à-dire courber l’échine. Ce monde où, d’accords à l’OMC en traités européens, l’oligarchie a instauré de Paris jusqu’au Panama « la libre circulation des capitaux et des marchandises », mis la souveraineté populaire sous tutelle, éteint la démocratie.

A Notre-Dame-des-Landes, les zadistes s’accrochent à leur bocage : contre l’aéroport d’abord. Eh bien de même, on doit s’accrocher à loi El Khomri d’abord.
La bataille sera rude, déjà.
Face au gouvernement.
Face au Medef.
Face à ses médias.
Il ne faut pas trop se disperser.
Un but.
Le retrait.
Un premier pas.
Après cette première victoire, qui nous rendrait confiance, qui nous rouvrirait l’espoir, tout devient possible : l’appétit vient en mangeant. Le chemin se trouve en avançant.

[**François Ruffin.*]

Écrire un commentaire

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Messages

  • Bravo, c’est bien dit, il faut en effet un premier objectif clair.

    Au passage j’espère que nuit debout va aboutir à quelque chose de bien, et arrivera à parler aux campagnes et aux petites villes (pas juste aux banlieues).

    Merci fakir pour tout. La bise.

  • Caminante se hace el camino !

  • Votre mise au point est opportune. Fakir est un bon journal et votre film un petit bijou, malheureusement votre initiative des nuits debout a été instrumentalisé par ceux qui veulent saborder le mouvement pour le retrait de la loi Travail.
    J ai une confiance totale envers Ruffin et les milliers de jeunes qui se rassemblent chaque soir,beaucoup moins envers ceux qui vous couvrent d éloges et refusent d appeler à la grève jusqu au retrait
    Cordialement

  • Notre-Dame-d’Hollande : « Si l’aéroport se fait, il n’aura qu’une piste », nous dit Ségolène.
    Faut dire qu’elle avait déjà bien flambé en Poitou-Charentes.

  • « T’aurais vu la gueule de la bavure ! » (Coluche : Le flic – 1975) : le policier mis en cause par la vidéo du 24 mars sera jugé en mai pour violences volontaires.
    Hommage en chanson à nos gourdins de la paix, ambiance gramophone :
    « Voilà les gars de la manif’feuh,
    Quand on porte l’uniforme
    On n’pinaill’ pas, on dégomme.
    Partout, c’est matraques et bourre-pifs’feuh,
    On balance la lacrymo
    Sur vos ados.
    Tsoin tsoin ! »

  • Merci Patron !
    J’aimerai vous faire partager mon expérience de plan social... oups non, il faut dire ’Plan de Sauvegarde de l’Emploi’ (PSE)...
    Plus d’infos, c’est chaud :
    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/04/14/97002-20160414FILWWW00187-ims-health-france-les-syndicats-denoncent-des-licenciements-boursiers.php

    (désolé, c’est un lien sur le site du figaro... c’est tout ce que j’ai trouvé... pour le moment...)

    Heureusement pour nous, ce PSE a été acté quelques semaines avant la fameuse loi... c’est déjà ça de gagné !
    Il faut savoir que dans un PSE, personne ne contrôle le bienfondé des licenciements. C’est à chaque licencié d’aller aux prud’hommes, avec comme unique espoir la possibilité d’obtenir des indemnités supplémentaires.
    Ca aurait changer quoi, concrètement, cette loi pour nous :
     Difficile de rejeter le PSE aux prud’hommes car avec la nouvelle loi, les patrons ne sont plus limités aux raisons de pure difficultés économiques... Ils pourront enclencher des PSE pour diverses raisons (compétitivité, restructuration, et patati et patata)
     Le cynisme absolu : le plafonnement des indemnités prud’homales. Pourquoi est-ce que c’était dans la loi ? dans quel but ? Le patron veut savoir si c’est rentable ou non de licencier pour des raisons autres (parce qu’il pleut ou parce que 2016 est une année bissextile), bref si c’est rentable de gruger le droit !!

    Bref on est en lutte vous l’aurez compris.
    Merci Patron !

  • 2017 : Juppé-Macron aux commandes.
    Enfin un gouvernement de concorde du capital.

    2017 : le retour du contrat de génération.
    Pour un vieux de droite élu président, embauche d’un jeune de gauche qui souhaite se « mettre en marche ».

  • Nuit debout au Japon : grosse mobilisation hier soir dans le sud du pays.

  • Tout à fait d’accord avec vous. ..Mais,faites plus de propositions concrètes pour gêner le système en place !
    Boycott grande distribution au maximum !Acheter moins ,juste le nécessaire dans petits commerces ou circuits courts (fermés, etc) Boycott élections si prétendants déjà élus pour un quelconque mandat,si issu du monde du travail et non carriériste politique Boycott des 2 chaînes pourries BFM et Itele ,etc. Et là ça va bouger !
    Sinon...Pipeau. ...

  • Bonjour .
    Il y a eu sur Mediapart un débat récent à propos de l’importance du cinéma dans les luttes nouvelles. Le co-réalisateur de Demain était là, ainsi que qqn ayant participé à la réalisation de Merci Patron .
    N’est-il pas paradoxal, voire choquant qu’un film comme Demain, au demeurant peut-être très bon, je ne l’ai pas vu, soit présenté comme Merci Patron, alors que sa co-réalisatrice, absente comme cela ne me surprend pas, Mélanie Laurent, est l’égérie de "Hypnotic Poison " de Dior( super nom pour la défense de la planète), Dior, fleuron de l’empire de...Bernard Arnault ? Bien sûr, on peut manger à tous les râteliers, et se verdir la conscience à peu de frais, surtout avec l’aide participative des spectateurs, quand on gagne des millions chez Dior à faire la promo de ces saloperies. Mais je dois être naïf, après tout, je n’ai que 65 ans ..

  • Oui la loi El Khomri d’abord.
    La bataille sera rude, déjà.
    Face au gouvernement.
    Face à son syndicat.
    Face au Medef.
    Face à ses médias.
    Il ne faut pas trop se disperser.
    Un but.
    Le retrait.

  • M. Ruffin montre bien toute l’ambiguïté existant entre une volonté de généraliser la lutte (nécessaire quand on voit la diversité des combats présents sur les places) et une volonté de rester sur un objectif stratégique réaliste. Mais le récit fondateur d’une contestation contre la loi El Khomri signe déjà la fin du mouvement. La tentative de généralisation exprimée par la récupération du "et son monde" de NDDL n’y fera rien.

    Rester sur le terrain des acquis sociaux est problématique pour (au moins) trois raisons :
     C’est un combat classique. En dépit de toutes les volontés pour faire évoluer les cadres de la mobilisation, celle-ci rentrera à nouveau dans des formes canoniques. D’annonces en annonces entre syndicats et gouvernement, le mouvement s’essoufflera.
     C’est un combat nombriliste. Alors que des réfugiés se noient quotidiennement pour joindre un Eldorado qui les reçoit à coups de matraque et de camps, n’est-il pas honteux de se bouger seulement pour défendre sa part du gâteau ?
     C’est un combat franco-français. L’exportation vers des pays étrangers sera pénible sous cette bannière.

    Finalement, (re-) centrer le mouvement sur ce mot d’ordre n’apportera aucune convergence, mais bien au contraire, une particularisation des luttes. Les débordements sur des luttes voisines – qui sont l’essence même de ce mouvement – seront au fur et à mesure relégués au rang de ces « débordements » tellement dénoncés.

  • La loi El K... simplifie le droit du travail parce que le code du travail est trop épais .... Son texte déposé à l’Assemblée Nationale le 24 mars 2016 compte 588 pages. La preuve en pdf ? Suivre ce lien : http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/projets/pl3600.pdf

    À quel besoin, la loi El K répond quand elle énumère libertés et droits fondamentaux dans l’entreprise ? L’entreprise, elle est cheux nous en France, non ? Si elle les énumère, c’est après les avoir réduits par avance et par principe : "des limitations .. peuvent leur être apportées .. si elles sont justifiées par ... les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise" ...

    Exit, par exemple, le droit à l’expression dans l’entreprise (6°), le droit au respect de la vie privée, du principe d’égalité, bienvenue aux discriminations (5°) ... au secret des affaires ... etc. En énumérant les libertés et droits fondamentaux dans cette loi, on les y enferme et donc on les réduit.
    Cette loi ne changera rien dans les entreprises où les relations sociales sont loyales, c’est à dire où le mensonge n’est pas la règle du jeu. Mais dans celles qui ne jouent pas le jeu, celles qui trichent, les salariés auront encore moins de chance de se faire entendre et de se défendre.

  • Qui êtes vous vraiment mr Ruffin ??

  • Et moi, j’ajouterai "Non au salariat". La source profonde de touts les problèmes actuels(chômage, précarité, sans-papiers...) est le salariat.

    Le salariat est la nécessité, pour un salarié, d’exercer un seul métier durant toute sa vie(pour la quasi-totalité des salariés).Le travailleur est ainsi subordonné à un seul métier, à une seule branche spéciale du travail sa vie durant.

    Le problème est que les forces productives actuelles(la productivité général du travail) sont devenus tellement énormes que touts les salariés ne peuvent pas travailler durant toute l’année dans la même spécialité.

    Or la norme de la société actuelle est que chacun doit être spécialiste de quelque chose : ouvrier spécialisé, technicien spécialisé, médecin, comptable, enseignant,etc.

    D’où la constitution d’une population de chômeurs permanents, de travailleurs précaires, de travailleurs sans-papiers,etc.

    Il faut donc que le principe du travail varié soit une loi de production fondamentale pour en finir avec le chômage actuel.

    Lorsque touts les travailleurs (au moins la majorité) associés en parti politique s’emparent des moyens de production et que le travail pour tout individu devient une obligation, le temps de travail diminue à 9 ou 10 heures par semaine (niveau technologique actuel ; dans le futur, avec le développement de la productivité, ce temps ira en s’abaissant ).