Les pious-pious du CAC 40

par L’équipe de Fakir 30/11/2016 paru dans le Fakir n°(65) mai - juin 2014

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[*Les pious-pious du CAC 40*]

[**Besançon, le lundi 11 janvier*]

Sa femme est abonnée à Fakir.
Une rouge.
Ça s’engueulait souvent à la maison.
Parce que militaire de carrière, Marc appartenait au « service action de la DGSE », et «  l’armée n’est pas de gauche ». Lui ne me livrera pas de scoop, ses « opérations » il ne les décrit que vaguement, le nom des pays, le Liban, le Tchad, le Congo, l’Irak, ici saut en parachute, là protection du président, ici libération d’otages.
Juste des impressions : « Il suffisait qu’une compagnie pétrolière demande une nouvelle campagne sismique pour préparer un forage, et en contrepartie, l’Etat français apportait du soutien, du matériel. »
« Dans ce genre de situations, il ne faut pas poser de questions, et ne pas s’en poser. Tu n’es pas là par hasard, tu sais que tu vas sortir des clous. Mais tu sens, tu entends, même si tu n’as pas à entendre : tu aperçois les intérêts économiques derrière. Moi je me suis engagé pour le pays, par un idéalisme, de droite mais un idéalisme, et je suis devenu conscient des enjeux réels. »
« Regarde Areva, la ‘lutte anti-terroriste’ doit, en fait, faciliter la préservation, ou la future implantation, des mines. Les ambassades sont devenues des centres commerciaux, avec du démarchage pour Engie, pour Total, pour Bouygues. Le dernier 14 juillet, au Yémen, je n’ai jamais vu ça : c’était le défilé des marques. »
« Du Tchad au Sénégal, au Nord-Mali, en Libye, on envoie nos troupes pas pour le drapeau, mais pour ouvrir des marchés au CAC 40. »
« Mais c’est la sécurité privée qui est en train de récupérer tout ça. Le mercenariat. Je fais des missions pour eux, maintenant. Est-ce que tu as vu Irish Road ?  »
Non, je n’ai pas vu Irish Road.
J’ai manqué peu de Ken Loach, mais celui-là oui.
« Je vais te le mettre sur une clé USB…
-D’accord, et laisse bien les compte rendus de toutes tes réunions avec les généraux dessus !
 »

[*Filature*]

[**Montpellier, lundi 1er février*]

« Détective privé », c’était indiqué sur sa carte de visite. Ça donnait envie de le questionner, Luc :

« Dans ton film, on voit un ancien commissaire des RG qui se met au service de LVMH. Ça m’a amusé, parce que c’est le cas tout le temps. Le chef des gendarmes, ici, il est passé chez L. (une multinationale de l’agro-alimentaire). C’est pareil chez T. (un sous-traitant géant de l’automobile). Pendant leur carrière, les grands flics prennent des contacts avec les barons de l’industrie, ils les fréquentent, et le jour de leur retraite, ils trouvent un nouveau boulot, mieux payé. C’est pour ça, moi, il y a un gros domaine qui m’est interdit, c’est l’intelligence économique : je n’ai appartenu ni à la DGSE, ni aux RG…
-Tu fais quoi, alors ?
-80%, ce sont des affaires de famille. Là, ce soir, j’ai une filature, une dame qui se demande où passe son mari quand il ne rentre pas à la maison. Les gens veulent la vérité, ça leur fait mal mais après, ils sont tranquilles. Faut faire attention quand même à bien leur annoncer, surtout les hommes. Je me souviens d’un gros gaillard, 110 kilos, et je lui raconte ‘ta femme elle fait ça, ça, ça.’ Il a failli tomber, tout blanc. Ouille, je me suis dit, j’aurais dû prendre des pincettes, mais comme il avait l’air d’un grand costaud !
-Et les 20% restants, c’est quoi, alors ?
-Des litiges entre employeurs et employés. Un commercial qui ne va pas travailler, qui reste chez lui à s’occuper de la ferme de sa femme. Ou des vols chez des artisans, dans le bâtiment, dans une boulangerie, cinq cents kilos de farine qui disparaissent…
-Ce sont des petits trucs.
-Ouais.
-Avec tes connaissances, tu pourrais mener des enquêtes sur du plus gros…
-C’est vrai, je considère que je suis à 10 % de mes capacités. Mais je dors bien. Je ne veux pas de souci. Que je commence à fouiner, et sur la ville, il y a trente-deux loges de francs-maçons, les patrons les politiques les magistrats se croisent et se recroisent, ils auront vite de se mettre en travers de moi et de me massacrer. Il suffit qu’ils me suspendent ma licence, je mets un an à la retrouver et je suis coulé. »

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Messages

  • La fin du message sent ou l’ignorance, ou antimaçonnique primaire.
    Par contre-exemple à Nice, le procureur est venu (en "profane") plusieurs fois en loges et c’est grâce aux contacts qu’il a pris qu’il pu faire tomber les magouilleurs et assainit la ville...