« Le problème, c’est vous »

par François Ruffin 03/05/2016 paru dans le Fakir n°(71) Juillet - Août 2015

On a besoin de vous

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Militant sans être chiant : sacré défi !
On fait ce qu’on peut, à Fakir.
Alors, quand le leader de Podemos vient secouer tout ça…

J’avais pondu un édito sur la décroissance et la CGT, la fécondation et la sortie de l’euro, le sectarisme et l’opportunisme, où je citais Pascal et Jaurès, et je terminais sur Pablo Iglesias, le leader de Podemos.
Les copains ont trouvé ça chiant.
Ils avaient pas tort, je crains.
Alors, je vais juste garder Pablo Iglesias, parce qu’il adresse à la gauche, par-delà les Pyrénées, une leçon de politique : comprendre notre peuple d’abord.
Et en plus, lui, au moins, il est pas chiant :

Je vais vous raconter une anecdote.
Lorsque le mouvement a commencé, le mouvement 15-M, à Puerta del Sol [connu en France comme les Indignés], certains étudiants de ma fac, la fac de sciences politiques, des étudiants avec une forte conscience politique – qui avaient lu Marx et Lénine – sont entrés pour la première fois en contact avec des gens normaux. Ils ont été déçus : « Ils ne comprennent rien ! Nous leur disons : ‘‘Vous êtes des travailleurs, même si vous ne le savez pas !’’ ». Les gens les regardaient comme s’ils venaient d’une autre planète. Et les étudiants rentraient chez eux, dépités, se disant : « Ils ne comprennent rien. »

Je leur répondrais :
« Ne voyez-vous pas que le problème, c’est vous ? Que la politique n’a rien à voir avec le fait d’avoir raison ? Vous pouvez avoir la meilleure analyse, comprendre les processus politiques depuis le XVIe siècle, savoir que le matérialisme historique est la clé de compréhension des mécanismes sociaux, et vous allez en faire quoi ? Aboyer sur les gens ? Leur hurler : ‘‘Vous faites partie de la classe ouvrière et vous ne vous en rendez même pas compte !’’ ?
L’ennemi ne réclame que ça, rire de vous. Vous pouvez porter un T-shirt avec faucille et marteau. Vous pouvez brandir un drapeau immense, immense, immense, et rentrer chez vous avec ce drapeau, tout ça pendant que l’ennemi se rit de vous. Parce que les gens, les travailleurs, ils préfèrent votre ennemi. Ils croient à ce qu’il dit. Ils le comprennent quand il parle. Vous, ils ne vous comprennent pas. Et peut-être que c’est vous qui avez raison ! Vous pourrez demander à vos enfants d’écrire sur votre tombe : ‘‘Il a toujours eu raison… mais personne ne l’a jamais su.’’ »

Croyez-vous, par exemple, que j’aie un problème idéologique avec une grève générale de 48 heures, ou même de 72 heures ? Pas le moins du monde ! Le problème, c’est qu’une grève n’a rien à voir avec combien vous ou moi la voulons. Cela a à voir avec la force de l’union, et vous comme moi y sommes insignifiants.
Vous et moi pouvons souhaiter que la Terre soit un paradis d’humanité, on peut souhaiter tout ce qu’on veut et l’inscrire sur des tee-shirts. Mais la politique est une question de force, pas de souhaits, ni de discussions en assemblées générales. Dans ce pays, il n’y a que deux syndicats capables d’organiser une grève générale, les CCOO et l’UGT. Est-ce que ça me plaît ? Non. Mais c’est la réalité, et organiser une grève générale, c’est dur.
J’ai tenu des piquets de grève devant des stations d’autobus à Madrid. Les gens qui passaient là-bas, à l’aube, vous savez où ils allaient ? Au boulot. C’était pas des jaunes, mais ils se seraient fait virer de leur emploi, parce que dans leur boîte il n’y a pas de syndicat pour les défendre. Parce que les travailleurs qui peuvent se défendre, ce sont ceux des chantiers navals, des mines, où il y a des syndicats puissants. Mais les jeunes qui travaillent dans des centres d’appels, ou comme livreurs de pizzas, ou les filles dans le commerce, ne peuvent pas se défendre.
S’ils se mettent en grève et qu’ils sont licenciés le jour suivant, il n’y aura personne, ni vous ni moi ne serons là, et aucun syndicat ne pourra garantir qu’ils pourront parler en tête à tête avec le patron et dire : ‘‘Vous feriez mieux de ne pas virer cet employé pour avoir exercé son droit de grève, parce que vous allez le payer.’’ Ce genre de choses n’existe pas, peu importe notre enthousiasme.

La politique n’est pas ce que vous et moi voudrions qu’elle soit. Elle est ce qu’elle est, et c’est terrible. Terrible. Et c’est pourquoi nous devons parler d’unité populaire, et faire preuve d’humilité. Plus d’une fois vous devrez parler avec des gens qui n’aiment pas votre langage, chez qui les concepts qu’on utilise ne résonnent pas.
César Rendueles, un mec très intelligent, dit que la plupart des gens sont contre le capitalisme, mais ne le savent pas. Que la plupart des gens défendent le féminisme mais sans avoir lu Judith Butler ou Simone de Beauvoir. Qu’il y a plus de potentiel de transformation sociale chez un père qui lave la vaisselle ou qui joue avec sa fille, ou un grand-père qui explique à ses petits-enfants qu’il faut partager leurs jouets, que dans tous les drapeaux rouges qu’on peut apporter dans une manifestation. Et si nous ne parvenons pas à comprendre que toutes ces choses peuvent servir de trait d’union, l’ennemi continuera à se moquer de nous.

C’est comme ça que l’ennemi nous veut, petits, parlant une langue que personne ne comprend, minoritaires, cachés derrière nos symboles habituels. Ça lui fait plaisir, à l’ennemi, parce qu’il sait qu’ainsi nous ne représentons aucun danger.
Nous pouvons avoir un discours très radical, dire que nous voulons faire une grève générale spontanée, parler de prendre les armes, brandir des symboles, trimbaler dans nos manifestations les portraits des grands révolutionnaires. Ça fait plaisir à l’ennemi ! Il se moque de nous !
Mais quand on commence à rassembler des centaines, des milliers de personnes, quand on commence à convaincre la majorité, même ceux qui ont voté pour l’ennemi avant, c’est là qu’il commence à avoir peur.
Et c’est ça qu’on appelle la politique.
C’est ça que nous devons apprendre.

Il y a avait un gars qui parlait de Soviets en 1905. Il y avait ce chauve, là. Un génie. Il a compris l’analyse concrète de la situation. En temps de guerre, en 1917, quand le régime en Russie s’effondrait, il a dit une chose très simple à tous les Russes, qu’ils soient soldats, paysans ou travailleurs. Il leur a dit : « Pain et paix ».
Et quand il a dit « Pain et paix », ce que tout le monde voulait, beaucoup de Russes qui ne savaient pas s’ils étaient de ‘‘gauche’’ ou de ‘‘droite’’, mais qui savaient qu’ils avaient faim, ont dit : ‘‘Le chauve a raison’’, et le type chauve a très bien fait. Il n’a pas parlé aux Russes de « matérialisme dialectique », il a parlé « de pain et de paix ». Et c’est une des principales leçons du XXe siècle.

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Messages

  • Euh.... Si je me rase la tête et que je dis à mes collègues "pain et paix" ça marche pas.... C’est drôle, mais il y a quelque chose qui me chiffonne dans cette interview. Peut-être un peu trop paternaliste à mon goût ou autre chose que j’ai du mal à définir. Je crois que je préfère "l’agir" à "comment on expose aux autres comment ils devraient agir"..
    Pourtant je vous aime
    Hélène

  • Personnellement, je suis totalement hermétique au style et au propos d’Iglesias. Je le trouve insupportable de prétention et très donneur de leçons. Il a l’air de parler à des débiles mentaux ! Mais, bon, il semble susciter un tel engouement que je me dis qu’on a sans doute besoin de "gourou".

  • Aujourd’hui et chez nous c’est plus "pain et paie" mais "tablette et Nutella".

  • Bonjour,

    La video ne fonctionne malheureusement pas :-(

    Bonne journée debout ! ;-)

  • L’article montre bien les limites d’une prise de conscience collective quand la classe populaire peine à survivre.
    Commençons donc par créer de nouvelles solidarités pour aider les plus précaires et attaquons le système là où ça fait mal.

  • Tout à fait d’accord avec cet article.
    Retraité , adhérent de la CGT, il y a longtemps que je ne lis plus les publications " théoriques" illisibles de la gauche de la gauche ou de l’extrème gauche.
    Ce langage hermétique , dont les auteurs se regardent le nombril ne touche pas du tout les victimes du capitalisme.
    Un grand merci à FAKIR , une des rares publications que je lis de la première à la dernière page, merci pour tous ces témoignages d’une grande richesse des victimes de la barbarie patronale. Leur parole en dit beaucoup plus que les discours qui se veulent savants.
    Nous n’avons pas besoin de grand mages qui nous imposent leur " science " comme des vérités révélées ne supportant pas la contradiction.
    On lâche rien , sans armes sans haine et sans violence.

  • Je ne comprend pas où Iglesias veut en venir.
    Je comprend bien qu’il faut sortir des lexiques spécialisés pour parler de l’époque avec le plus grand nombre.
    Mais les discours type "pain et paix", tout le monde peut les proférer. Autant "l’ennemi" que l’ami.
    Promettre au gens ce qu’ils veulent est devenu exactement le procédé politicien.
    Du coup je ne comprend pas ce qu’il y a d’opérant dans ce discours critique de la communication politique.

    Rassembler des centaines de milliers de personnes derrière un simple constats de manque et rien d’autre, c’est reporter l’étape de la confrontation à l’incompréhension mutuelle.

    A moins qu’il s’agisse au fond de construire un parti politique. Alors là, oui, on peut partir de grands axes simplistes.

    Il y aura toujours politiquement besoin de conceptualiser, le sens des choses en dépend, et ça ne veut pas dire ressasser le lexique du Capital. Ca veut par exemple dire trouver des moyens d’en parler. Le problème n’est pas dans le vocabulaire, il est - je le pense en tous cas - dans la possibilité de pouvoir s’accorder sur un lexique commun. Le problème est médiatique et la réponse est méthodologique et technique.

  • Je ne comprend pas où Iglesias veut en venir.
    Je comprend bien qu’il faut sortir des lexiques spécialisés pour parler de l’époque avec le plus grand nombre.
    Mais les discours type "pain et paix", tout le monde peut les proférer. Autant "l’ennemi" que l’ami.
    Promettre au gens ce qu’ils veulent est devenu exactement le procédé politicien.
    Du coup je ne comprend pas ce qu’il y a d’opérant dans ce discours critique de la communication politique.

    Rassembler des centaines de milliers de personnes derrière un simple constats de manque et rien d’autre, c’est reporter l’étape de la confrontation à l’incompréhension mutuelle.

    A moins qu’il s’agisse au fond de construire un parti politique. Alors là, oui, on peut partir de grands axes simplistes.

    Il y aura toujours politiquement besoin de conceptualiser, le sens des choses en dépend, et ça ne veut pas dire ressasser le lexique du Capital. Ca veut par exemple dire trouver des moyens d’en parler. Le problème n’est pas dans le vocabulaire, il est - je le pense en tous cas - dans la possibilité de pouvoir s’accorder sur un lexique commun. Le problème est médiatique et la réponse est méthodologique et technique.

  • Moi je sais être chiant sans être militant et ça ne me semble pas un défi insurmontable.

  • Je ne comprend pas où Iglesias veut en venir.
    Je comprend bien qu’il faut sortir des lexiques spécialisés pour parler de l’époque avec le plus grand nombre.
    Mais les discours type "pain et paix", tout le monde peut les proférer. Autant "l’ennemi" que l’ami.
    Promettre au gens ce qu’ils veulent est devenu exactement le procédé politicien.

    Rassembler des centaines de milliers de personnes derrière un simple constat de manque, et rien d’autre, c’est juste reporter l’étape incontournable de la confrontation à l’incompréhension mutuelle, celle qui doit mener à la volonté de dépasser celle-ci.

    A moins qu’il s’agisse au fond de construire un parti politique. Alors là, oui, on peut partir de grands axes simplistes, puisque le projet des partis est d’individualiser le discours. Il n’est alors ici question que d’adhésion et on se fout du commun et des enjeux de compréhension mutuelle.

    L’activité politique aura toujours besoin de conceptualisation, le sens des mouvements en dépend, et ça ne veut pas dire ressasser le lexique du Capital.
    Le problème n’est pas dans les termes, il est - je le pense en tous cas - dans la possibilité de pouvoir s’accorder sur un lexique commun.
    Encore faut-il pouvoir avoir l’espace-temps de ce travail d’accordage.
    Le problème est alors médiatique, méthodologique, matériel et technique.
    Pas besoin d’inventer, pour solutionner cela, une espèce de nouvelle "real-politik" de gauche.

  • Et nous connaissons la suite de cette histoire, le chauve a instauré un régime de pénurie(que les travailleurs appelaient communisme !!!) qui s’est finalement effondré en 1991.

    L’auteur demande aux travailleurs conscients de se rabattre aux niveaux des travailleurs inconscients pour accélérer les choses.Mais il confond vitesse et précipitation.

    C’est ce que les réformistes ont fait à la fin du 19 e siècle.Ils ont gagné.Les travailleurs ont voté pour eux.Et ce sont toujours ces réformistes qui sont au pouvoir aujourd’hui : le PS.

    A t-on eu la république sociale ? a -t-on eu un monde débarrassé du capitalisme ?

    Voilà donc la réalité et elle est dure et même très dure:Il faut que la majorité des travailleurs deviennent conscients de la nécessité de dépasser le capitalisme,le salariat.

    Ceux qui sont pressés de faire la révolution finiront fatalement par devenir des réformistes.Certes ils auront des sièges de député, des postes de ministres,etc. avec leurs privilèges mais la révolution n’avancera d’un seul pouce.

    Il faut donc penser long termites, la révolution ça se prépare lentement et même très lentement.Seuls ceux qui doutent du prolétariat s’ impatientent.Le prolétariat finira par être conscient, la tâche actuelle est d’accélérer ce mouvement.

  • C’est dans la ligne générale de comment je vois les choses. Pour rassembler et convaincre, il faut être capable d’aller à l’essentiel commun. Je crois que c’est la reprise du contrôle sur l’argent, une planète propre et durable et une démocratie réelle. En gros, non à l’oligarchie et au pillage des ressources. Bref... Ce n’est pas à 2 000 max à Répu qu’on va y arriver...

  • Bonjour,
    Étonnant, ce que raconte Pablo Iglesias, mais très juste ! L’idéologie managériale a détruit ce qui permet à chacun de s’accrocher à du Commun ( bien sûr il y a plein d’exceptions !) et obligé toute personne à ne pouvoir être que sur le mode de la consommation. Les inégalités s’accroissent, la misère s’accentue, et bien que de nombreuses luttes oeuvrent, ce qui fait qu’une personne se sente appartenir à une société semble anéanti ! Reste ce potentiel insoupçonné de transformation que recèlent ces actes dont parle Rendueles ! Est-ce l’économie générale dont parle Bataille ?

  • Le rapport de force il n’y a que ça de vrai. Au-delà de l’idéologie et des textes complexes et nécessaires comme sait en écrire Frédéric Lordon, l’efficacité vient aussi des slogans compréhensibles par tous et du rapport de force favorable.
    Enfin, je pense aussi qu’il faut un homme providentiel.
    Idéologiquement je suis contre tout ça. Mais j’ai l’impression que c’est ainsi que marche l’humanité
    Ça s’appelle une révolution non ?

  • Tout à fait d’accord avec Pablo. Se mettre à la portée des gens, de leurs besoins , de leur niveau de conscience et d’éducation en maintenant la vision globale et les idéaux issus de la connaissance et de la compréhension de lHistoire, voilà une preuve d’intelligence. Nulle arrogance ici.
    Son discours peut sembler étrange pour des français, mais remis dans le contexte de la société espagnole aujourd’hui, oú encore, hormis les villes , une majorité de personnes sont sous éduquées et se préoccupent uniquement de leur survie au jour le jour, il est pertinent.
    Podemos a réussi à rassembler des votants traditionnellement à droite ou modérés parce qu’il a répondu au désespoir et à l’exaspération ambiante avec des mots simples .
    Ceux de la vieille garde reprochent á Pablo Iglesias, sa queue de cheval et le fait qu’il ne porte jamais de veston ( !!) pas ses paroles ...

  • Pablo Iglesias n’invente rien. Ce sont des clichés. PI a commis de lourdes erreurs politiques ces derniers temps. Il présente quand ça barde trop fort ses excuses. Il a insulté avec violence les militants de IU en juin 2015. Puis il s’est excusé par écrit. Il a refusé l’alliance unitaire avec IU aux élections de décembre 15 et cette division a fait perdre 14 sièges à la gauche et ... interdit toute majorité au parlement... Après 4 mois de débats stériles, où PI a brusquement ouvert le feu sur le PS alors qu’il était censé répondre à l aspiration à l unité des gens, il a encore une fois présenté ses excuses , au PS... et le voilà contraint de faire l’alliance qu’il a refusé avec acharnement en décembre, ... avec IU ! Tous les sondages montrent que Podemos perd 5 points sur 20 et seule l ’alliance avec IU peut les faire gagner. L’Unité de la gauche dont il ne voulait pas au nom du populisme, il doit la conclure.

    Pablo a bien des qualités comme leader politique mais, comme tu vois, c’est pas une bonne idée d’essayer de trouver en lui un mec qui peut faire la leçon à tous les autres. Si tu as besoin d’un Mythe, c’est pas une bonne idée . Alors moi, je sais pas ce que tu peux raconter à tes potes pour pas qu’ils te trouvent chiant. Ton effort d’action militante est plus que respectable, Bravo, continue ! J’achèterai Fakir. Mais la démago devant l’ignorance paresseuse n’ouvrira aucun nouveau monde. Salut fraternel.

  • Puissant à force de simplicité, lumineux, évident et ça fait du bien au mental quand on répète ça depuis des décennies à la face de gens qui ne veulent pas l’entendre parce qu’ils préfèrent continuer à manier les concepts et à se bien entendre entre eux.
    Mais c’est un point de départ. Mettre le projo sur le gouffre qui sépare "les gens" dans leur quotidien des théoriciens de la lutte, c’est bien.
    La suite c’est : comment convaincre, comment aider à rejoindre le mouvement, sans qu’ils n’en payent un prix insupportable pour eux, les isolés que cite Iglesias, celleux qui vivent et bossent là où les syndicats n’entrent pas ?
    A l’époque glorieuse de Méluche y avait un truc sur le site "Place au peuple", c’était une espèce de dessin qui se faisait en accéléré pour illustrer les questions financières, économiques, etc. Très bien écrit, ça décortiquait les notions de manière simple, on rigolait et c’était convaincant. Il y a eu aussi le Dr CAC sur Arte. C’est une piste, mais ça devrait sortir de ces médias très connotés "bobos" et aller vers la presse populaire. Alors là, bonjour le barrage...
    A propos, un truc marrant : si vous allez sur le site de Place au peuple aujourd’hui, vous trouvez une page hyper périmée de rubriques datant de 2014, 2015, il y a une petite vignette de retouite à droite de la page qui renvoie à http://www.cuartopoder.es/cartaalamauta/2016/03/09/objetivo-demoler-pablo-iglesias-romper-podemos/315

  • Bonjour,
    Il est chouette ce discours. On ne se rend pas compte qu’on manque souvent de simplicité.
    Trop éduqué ? Toujours est il que nous avons du mal à descendre de nos hauteurs à l’image de ces profs de facs qui ne savent pas enseigner car incapable de se mettre au niveau de leurs élèves.
    Je suis d’une famille d’ouvriers. J’étais la première à obtenir le bac et à aller en fac.
    ça nous a éloigné.
    Parler politique, écologie, santé avec eux s’avère aujourd’hui compliqué.
    Je passe pour une donneuse de leçons malgré moi.
    Trop éduquée ? Peut-être ?

    "Il n’y a rien de plus fort qu’une idée dont l’heure est venue" disait Victor Hugo.

    Le slogan pour notre époque n’est pas "Pain et Paix" ni "bread and roses" ou "nous sommes 99%" pas même le slogan grec "Ne vivons plus comme des esclaves" qui pourtant me plaisait bien.

    Ce "commun" capable de tous nous rassembler, lorsque nous l’aurons trouvé résonnera en chacun d’une évidente clarté.
    Quel est ce commun "évident" qui pour l’instant nous échappe ?
    Ce commun propre à notre histoire collective capable de transcender les classes, les appartenances.
    Existe-t-il ? Je le crois.
    Pourrions y réfléchir ensemble ?
    Je vous propose un grand brainstorming à la recherche de "ce qui fait sens pour nous tous".
    Qu’en dites vous ?
    Moi l’idée m’emballe à 200%
    Au plaisir de vous lire et un grand merci à toi François de rendre tout cela possible.
    Muchos besos

  • le langage de Pablo Iglesias me paraît très clair . Analyser le pays , parler un langage compréhensible afin que les gens souffrant tellement des pratiques capitalistes et ultra- capitalistes réagissent et s ’ organisent .
    La présentation de l ’ analyse du chauve est géniale .

  • En FRANCE aucune organisation ne peut déclencher une GREVE GENERALE, surtout pas le quintet CGT, FO, FSU, SUD et CNT... Par-contre, la GREVE GENERALE est souvent possible en FRANCE parce qu’il existe des "minorités" néo-blanquistes dans CGT, FSU et même dans FO. SUD et CNT sont carrément blanquistes.
    Depuis mars 2016, les "minorités néo-blanquistes" sont majoritaires dans la CGT et moins minoritaires qu’avant dans FSU et FO...
    Le parti du maintien de l’ordre, j’ai voulu nommer le PCF, traverse une crise inédite. 47% de ses militants ne pigent pas la politique suicidaire de la direction (primaires de la gauche ???). Alors on voit apparaître des néo blanquistes dans le PCF (bellaciao (fr), rouges vifs, ANC, Rouge Midi...).
    Alors le seul vrai problème à résoudre c’est celui de la discipline... Tous ces gens-là doivent créer une coordination et agir , d’abord pour l’abrogation de la loi travail... Victoire essentielle ! Par la suite ils pourront réintégrer leurs organisations chéries avec le scalp de la dernière abjection du gouvernement accrochée à leur ceinture...

  • Parler au plus grand nombre mais surtout agir pour sensibiliser la population. Définissons ensemble une liste prioritaire des revendications et occupons des lieux là où le pouvoir économique crée les inégalités. Sans rapport de force il n’y a pas de contre pouvoir possible. Pour le moment personne ne semble prêt à se mettre en danger dans ce type de mouvement c’est même tout le contraire. Je ressens beaucoup d’amertume, de mensonges et d’hypocrisie. Tout est en creux et stérile . Arrêtez de jouer la grande illusion à ciel ouvert, c’est pas crédible ! Se réveiller ou rester couché ? Là est la question car pour le moment je ne vois personne en ordre de marche.

  • Il est à craindre que le slogan "pain et paix", reprit par Iglesias, fasse bien rigoler l’ennemi aussi, car Iglesias n’a rien à dire.

  • Il me ramène le sourire, ton propos ! J’avais à peine 20 ans, et les vieux copains (qui veillaient à notre éducation) me disaient : Lénine a fait la révolution en exigeant du pain, du vin et du Boursin !
    Et souvent ils ajoutaient : il faut savoir marcher un pas en avant de troupes, mais pas deux ! Sinon tu vas les perdre !
    C’étaient des sages, et pourtant ils n’avaient pas lu Marx et Engel !

    Cela dit, il est terriblement difficile de susciter la solidarité, l’entraide, l’action collective ...dans un monde pourri jusqu’à la moelle de moyens énormes pour formater les esprits à l’appât du fric/réussite et au confort/bonheur ! Le drame étant que cet individualisme cultivé conduit tout un chacun à ne même plus s’apercevoir que le voisin est en train de sombrer dans la misère...et que soi même on y va doucement...doucement ! ! !

    Tout aussi préoccupante est la capacité impressionnante de la grande majorité à accepter d’être dirigés par de vraies mafias qui se permettent tout, jusqu’à décimer des pays entiers pour asseoir leurs privilèges.

    Il est temps de mettre au point le VACCIN ANTI FRIC et de se gaver de BONHEUR PLAISIR avec un accompagnement de RESPECT DES AUTRES à profusion !

  • Je dois vous le dire votre article est très intéressant mais je comprends pas certains commentaires...Alors oui je doit faire partir de la classe populaire et les termes néo blanquistes sont complètement incompréhensible pour moi et si les auteurs de ces commentaires pouvaient se mettre à ma petite hauteur, écouter mon petit avis sur la question je crois que c’est à ce moment qu’on pourra changer les choses.

  • didon ljambon,
    ca n’engage que moi
    mais quand tu viens merci de laisser cette minifaux au pied des pyrenees elle fait surtout kiffer tes m&ms tu sais
    ici nos prisons sont deja pleines à dégueuler on va arrêter ça
    ça file plein de cholestérol or comme tu sais la mère poularde sait faire un bon quaoa
    pis nettoyer tes détritus devant la porte de chez moi c clairement gonflant tu arrêtes maintenant
    merci :) carino :) , la bise chez callao

  • On dirait du Gérard Filoche. Ce genre de discours, sympathique de prime abord (qui est contre l’unité ? Qui est contre du beau temps quand on va à la plage ? Qui est contre la paix plutôt que la guerre ?) relève du boyscoutisme et à la fin on en arrive à se demander si on a vraiment des adversaires.

  • Le travail en miettes ne peut réinvestir un projet sociétal . Il nous isole dans la course de chaque jour à
    créer une nouvelle humanité qui réinvente à notre échelle liberté, égalité et fraternité(ou ce qu’il en reste)
    La société doit donner un souffle nouveau à chacun pour vivre une nation dont le lien n’est pas un
    parcours d’esclave sans avenir mais un nouveau sens du travail commun à refaire notre vie pour nous épanouir en femme et homme libre chacun a sa place sans oublier les pauvres et petits.