L’Arabe qui en a marre des étrangers

par Vincent Bernardet 28/11/2016 paru dans le Fakir n°(76) juillet-août 2016

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Routier, Abdelillah perdu son boulot. La faute aux Polonais…

« Les étrangers piquent le boulot des Français, encouragés par les patrons.  » Qui nous raconte ça ? Abdelillah Dati, né au Maroc, et en grève de la faim. Il a installé une tente face au centre Leclerc de Sevrey (banlieue de Chalon-sur-Saône), devant le dépôt XPO Logistics.
« Ils préfèrent prendre des Polonais.  »
«  Ils  », ce sont les dirigeants de Norbert Dentresangle, le géant du camion. Car Abdelillah bossait pour eux, pour une filiale au Luxembourg, mais il a reçu sa lettre de licenciement :
« On les voit, les Polonais dorment dans leur camion. Il y en a sur toutes les zones industrielles de France, à côté de leurs clients. Les syndicats se battent pour une augmentation de salaire, mais c’est ridicule tant qu’on les laisse nous prendre notre taf.  »

Dégoûté, lui se souvient pourtant de belles années :
« J’ai toujours voulu être routier. Quand j’étais petit, je me souviens, dès le CP, je voyais passer les camions, j’étais impressionné. Et puis je voulais aller au Maroc, à Casa. J’ai arrêté l’école à seize ans. J’ai été maçon, peintre, plaquiste... Enfin, j’ai surtout fait les formations. Puis j’ai travaillé à Saint-Gobain, le week-end. Je faisais le nettoyage. Je bossais tout le week-end, mais le samedi soir j’allais en boîte avec les copains. Des fois, je sortais de boîte pour aller direct à Saint-Gobain. Puis j’ai fait ma formation routier, au début la semaine, et le week-end chez Saint-Gobain. Je bossais sept jours sur sept. Donc j’ai débuté comme stagiaire, j’accompagnais le chauffeur dans la cabine mais je n’avais même pas le permis. Et un des premiers voyages qu’on fait, c’est le Maroc. J’étais trop heureux. On va à Casa. Le chauffeur, qui était très sympa, me laisse conduire. J’ai conduit, sans permis, de Tours jusqu’à là frontière espagnoles. Lui, il dormait dans la couchette. Il voulait que je le réveille à Bordeaux, mais j’étais trop heureux de conduire donc j’ai continué. Bref, on arrive au Maroc après quatorze heures de bateau depuis Cadix. À Casa, il me dit ‘je te laisse le tracteur, fais ce que tu veux’. Alors j’ai fait des tours, la famille tout ça. Lui, il aimait faire la fête donc il a profité. »

Après ces aventures, il revient à son présent, plus statique :
«  Les Polonais me disent que maintenant ils se font prendre leur boulot par les Roumains ! Je n’ai rien contre eux, moi ça ne me dérange pas qu’ils travaillent en France, mais sous contrat de droit français. Après, on s’étonne que les gens votent Le Pen...  »

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Messages

  • Dans la même veine de nombreux mahorais ont acclamé marine lepen lors de son passage à Mayotte ce premier décembre.
    Avant 2009 l’île vivait plutôt en bonne harmonie avec les iles voisines de l’archipel des Comores . La départementalisation a créé un peu de richesse artificielle pour certains avec les inégalités qui vont avec. Du coup les comoriens des îles voisines attirés par cet eldorado sont persona non grata.
    Lepen acclamée par des noirs musulmans : Machiavélique non ?