Yacine 1 – Mektoub 0 [2/2]

par François Ruffin 19/10/2015

On a besoin de vous

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Il lui faut de la sagesse quotidienne, comme ça, à Yacine, trier dans les amitiés, garder à distance des relations, choisir parmi ses frères même, pour ne pas plonger à pieds joints dans les magouilles.

Nicolas et Nadir : [*« Je dois beaucoup à la CGT. »*]

« Avec le CRE 4, qui rachète le mégawatt à 115 €, on a vu une opportunité, d’autant que la région PACA souffre d’un déficit en énergie et… »
Quand Nicolas et Nadir me causent de « maillage électrique », et de « projet Biomasse », et de « droit au tirage sur le nucléaire », etc., je n’ai pas potassé le sujet et je suis paumé, pas à la hauteur.
« Mais d’où elle vous vient cette culture ?
- C’est à force de discuter avec les camarades, ils te retracent l’histoire de l’entreprise, les grandes dates, les chiffres, ils te causent de leur secteur, la navigation par exemple, ou le port de Marseille, la grande distribution, et petit à petit tu acquières une vision globale.
- C’est une tradition orale, alors ?
- Oui, confirme Nadir. On apprend beaucoup par les échanges avec les camarades. Grâce à eux, je suis devenu curieux de tout. J’ai fouillé sur Internet, pour découvrir des choses sur la Commune, sur le statut des électriciens-gaziers… Thomas Sankara, je l’ai connu parce que Olivier, un des secrétaires généraux de l’Union départementale, m’en a parlé. Sinon, je croyais que c’était un chanteur… Je connaissais pas L’Huma non plus, je me suis abonné. Et je lis les documents de la CGT.
« Je n’ai jamais lu, je n’ai jamais écrit autant que ces dix dernières années. Je n’ai jamais autant compris le monde que depuis dix ans. Je vais le dire comme ça, je ne sais pas si c’est bien dit : je dois beaucoup à la CGT. Je regardais bêtement la télé, et maintenant je mène une analyse personnelle, grâce à la CGT.
« Et c’est vrai que ça m’impressionne : on est quoi ? Des ouvriers-électriciens, avec un BEP électrotechnique, un bac pro SMA. Moi, je sais juste comment fonctionne un moteur. Et collectivement, on a une capacité à aller en préfecture, au ministère, en région, on a l’intelligence ensemble pour expliquer à des super-diplômés le fonctionnement du réseau, les directives européennes... »

Yacine : [*« Je suis un ange sans ailes »*]

« Tiens, c’est ici que mon pote le Chinois voulait m’emmener, y a deux jours… »
On passe dans un quartier nord de Marseille, au milieu des tours.
« Tu m’as raconté cette histoire, tout à l’heure, mais franchement j’y ai rien compris…
- Il se faisait une fille…
- Il sortait avec ?
- Juste un plan.
- Dans un appartement ?
- Non, dans l’escalier. Et son frère…
- Son frère à qui ? A lui ?
- Mais non, à la fille. Le frère de la fille débarque avec un copain, ils frappent le Chinois, ils le braquent, lui mettent un flingue sur la tempe et lui piquent son portable : “Si tu veux le récupérer, t’as qu’à venir demain à la cité.” Et lui, le Chinois, il était prêt à y aller ! Il m’a expliqué l’embrouille, “Oh, ça va pas !, j’ai protesté, on va pas mourir pour un portable ! mourir pour de l’orgueil !” C’est le vice des quartiers : “Viens”, on te dit, tu entres dans une cage d’escalier et ils sortent à trente. “Laisse tomber le portable”, je lui ai conseillé. »
Il lui faut de la sagesse quotidienne, comme ça, à Yacine, trier dans les amitiés, garder à distance des relations, choisir parmi ses frères même, pour ne pas plonger à pieds joints dans les magouilles.
« On va passer là où mon collègue Franck s’est fait tuer. »
Cet étrange tourisme continue. A la Belle de Mai cette fois, il me semble :
« C’était ici. Ils étaient tous les deux armés, cagoulés. A mon avis, ils étaient sur un coup et ils se sont fait doubler. Franck avait pris du galon, il gagnait 5000 € par jour…
- Par jour ???!!!
- Le pognon, c’était pas un souci pour lui. Mais il ne faisait pas équipe avec la bonne personne. L’autre, il tuait pour rien. Un jeune de dix-huit ans, qui se dispute avec une fille, elle l’appelle, l’autre il arrive il le tue. Comme ça. Un copain avec qui j’étais en classe, aussi, il s’est fait descendre par ce gars.
- Tu l’avais rencontré où, Franck ?
- On s’est connus à l’époque où on n’avait rien, deux bouts de pain on les partageait. Et on est restés attachés, même après, longtemps après. Quand je suis tombé dans une embrouille, sans même que j’appelle il était venu. Les autres, les crasseux, ils ont fait les dégonflés.
- C’était quoi l’embrouille ?
- Oh, avec des mecs alcoolisés, à la chicha. Ils voulaient massacrer mon frère, j’ai pris le premier truc sous la main, le mec est tombé saignant…
- Il est mort ?
- Non, mais il est resté touché, il a gardé des traces. Je ne l’ai jamais revu, je ne sais pas s’il a toujours de la rancune, mais si jamais je le recroise, c’est qu’il me tourne autour : faut que je lui rentre dedans, j’ai pas le choix. Tu comprends pourquoi je dois me casser de tout ça.
- Mais Franck, il a fait quoi là-dedans ?
- Le lendemain, on devait revoir les mecs, pour régler nos comptes. C’étaient des champions de free-fight. Franck est venu. Ça a calmé.
- S’il gagnait autant de pognon, pourquoi il t’en a pas prêté pour tes formations ?
- Quand il est monté dans le milieu, on le voyait de moins en moins. J’ai compris pourquoi après : pour nous protéger. Je fréquentais des meurtriers et je ne le savais pas… »
Il tripote une pochette à CD.
« Tiens, je vais te mettre une musique, elle me fait penser à Franck. Je l’ai découverte le jour de son décès… »
Yacine glisse un disque dans le lecteur, on se recueille sur fond de rap :
« C’est toujours pareil,
Rien à faire au quartier
Je ressens toujours le vide des poteaux partis
K-K-Nov Kalachnikov party
Faut que je parte d’ici
Exilé du paradis
Je suis un ange sans ailes
Mais le sheitan m’a capturé
Enfermé dans une cage
Y a que Maman pour me libérer
J’m’envole, j’m’envole
H 24 au bar
Je ne pense qu’à me saouler
Maman ne ferme pas l’œil
Tant qu’elle ne m’a pas vu rentrer
J’déconne, j’déconne. »

Nicolas et Nadir : [*« Pas pour leur gueule »*]

« On a fait des grèves, à ce moment-là, pas saute-mouton, j’aime pas ce terme, mais ponctuelles… »
Depuis dix ans, à la centrale, les conflits se suivent et ne se ressemblent pas : rassemblements, réquisition par les gendarmes, tractage sur les marchés, etc.
Je résume :
Le nouvel actionnaire, allemand, E.ON, voulait fermer le site. Mais la CGT a porté un contre-projet, dit « Biomasse », de combustion de bois, auprès des ministères, de la région, de toutes les autorités… en alliée objective de la direction. Car grâce à cette option, l’entreprise décroche un max de subventions : 2,6 milliards d’€. Malgré ce pactole, et malgré son engagement à « maintenir l’emploi » et patati et patata, E.ON décide néanmoins, en début d’année, la suppression de trente postes :
« On a fait le tour des politiques : “C’est ça, la transition énergétique que vous vantez à la télé ? La casse de l’emploi ?”
« Dans la charrette, y avait notamment cinq chefs de manutention, des agents de maîtrise, leur service serait supprimé carrément. Eux, à la limite, on pourrait dire en égoïstes, ils étaient au bord de la retraite, ils pouvaient partir tranquillement, ils s’en foutaient. Mais pas du tout : ils songeaient à la relève, à leurs fils, aux jeunes qui devaient les remplacer, et ce sont ces cinq-là qui ont mené la bataille au premier rang. Parce qu’il suffisait que ces agents se mettent en grève, et toute la production s’arrêtait. Donc, ils l’ont fait, et avec un appel à la solidarité, avec la tinche, chaque mois, tous les salariés ont reversé une journée de salaire.
« C’est pareil, les salariés, ils auraient pu dire : “On s’en fiche”, parce que l’entreprise supprimait des postes mais sans licenciement. Ou ils auraient pu nous lâcher, parce que la bagarre a duré six mois, et qu’ils ont subi des sanctions, même du chômage partiel sans rémunération. Mais non, en AG, ils nous ont soutenus, constamment, et pas pour leur gueule. Pour les suivants, pour ceux qui vont venir. »

Yacine : [*« Même les braqueurs sont venus ! »*]

« Y a pas de réponse de Guillaume. Il m’énerve. » En conduisant, Yacine tripote son portable. « Faut pas qu’il me la fasse à l’envers, ce bâtard ! »
Je laisse passer la colère.
« Mais ta maman, tes parents, ils voient l’influence du quartier ?
- Bien sûr, mais ils y peuvent quoi ? Que faire ? Ils nous ont éduqués comme il faut. Mon père travaillait en Algérie, il avait une moissonneuse-batteuse. Et il est pratiquant, il m’a élevé avec tout ça, avec le travail.
- C’est important, pour toi, la religion ?
- Y a longtemps que je serais foutu sans Dieu. Il m’a permis la patience. Après le décès de Franck, j’ai baissé les bras. Je me levais plus le matin pour aller chercher. Je ne faisais plus le tour des agences. J’avais arrêté la muscu, j’avais plus d’argent pour payer la salle, surtout j’étais trop découragé.
« Et puis, un collègue, à la chicha, m’a donné l’info, comme quoi le groupe Ascensio recherchait un chauffeur. J’ai appelé à 8 h, je suis passé à 10 h, et j’ai démarré le lendemain.
« Là, je sens que j’ai fait un grand pas en avant.
- Et tes copains, ils réagissent comment ?
- Ils m’envient. Ils me disent : “T’as de la chance d’avoir du travail, enculé !”
- Ils en voudraient aussi ?
- Evidemment. J’ai un collègue à moi, dans le milieu, ça ne l’a pas empêché de m’accompagner dans les boîtes d’intérim. Il aurait décroché du biz, mais on lui a rien proposé.
- Si on faisait pleuvoir les CDI, sur les quartiers…
- … ils sauteraient tous dessus. Pour te dire, ils ont ouvert une permanence de Pôle Emploi, sur le quartier, même les vendeurs de drogue sont venus ! Même les braqueurs sont venus ! Mais y a personne qui a trouvé avec ça.
« Dans ma cité, les jeunes, je les vois tous dériver. Ils sont perdus, et ils se croient foutus. Moi aussi je me sentais foutu. On a tout l’avenir devant nous, et pourtant on se sent foutus. A force de voir la misère, enfin “la misère” entre guillemets, notre mode de vie quoi, on connaît que ça.
« Mais faut pas non plus qu’on leur impose le grand écart, qu’ils passent de l’argent facile à un travail hyper-dur, sur les chantiers, avec le soleil, la poussière, le chef sur son dos, le bagne quoi. Là, non, ils ne tiendront pas, ils retourneront au biz. »

Nicolas et Nadir : [*« On va leur raconter un peu l’histoire »*]

« Quand la direction nous a mis en licenciement, tous les deux, quand ils ont espéré couper la tête de la CGT, ça a plus énervé les gens qu’autre chose. Nous, on a pris ça calmement, sans coup de sang, on a réfléchi en bureau à la meilleure manière de répondre, puis l’assemblée des syndiqués a tranché. Et pareil, maintenant, pour le protocole de fin de conflit : c’est l’assemblée qui va trancher pour la signature.
« Lors des discussions à l’Inspection du Travail, ils ont bien vu que nous n’étions pas des fous. Qu’on arrivait avec des arguments, des chiffres, on connaissait le taux de rentabilité de l’entreprise. E.ON a tenté de le chantage : “Soit vous acceptez le plan social, soit on vous enlève le projet Biomasse”, mais finalement, avec 75 % de syndiqués, avec cette solidarité, ils ont dû reculer. Parce que, des fois, nous deux on doutait, on hésitait, et ce sont les chefs de manutention, les cinq grévistes, qui venaient nous remonter le moral : “On va aller au bout. On va l’emporter.” Et voilà un plan social qui va se traduire par une trentaine d’embauches à la rentrée ! »
Nadir en a les larmes aux yeux.
Moi aussi.
« Ils vont arriver par petites vagues, à partir de septembre - octobre, et c’est sûr qu’à ces jeunes gars, dès leur arrivée, on va leur raconter un peu l’histoire. Qu’il y a cent quarante personnes qui se sont serré les coudes, qui en ont bavé, qui ont reçu des avertissements, qui ont subi des pertes de salaires pour qu’ils soient là. On va bien leur expliquer, pour passer pas seulement le message, mais le relais.
« C’est Roland, à la fédération, qui me disait : “Il faut laisser une poche de gaz, pour que ça explose. On est cette poche de gaz. Moi je la verrai pas péter, toi peut-être. Mais je dois te la passer, et tu dois la passer.” »

Yacine : [*« Mais c’est lui, le sghegh ! »*]

Son portable sonne.
« Ah, Guillaume…
- …
- Si tu veux faire passer ton radar dessus, vas-y, essaie…
- …
- Les capteurs, moi, je vais pas les payer, mais si t’arrives à convaincre les assurances…
- …
- D’accord, mais ça faut le dire à l’expert, faut pas le dire à moi…
- …
- Ça, je le sais.
- …
- Un conseil pour toi : faut que t’arrives à faire croire ça à l’expert…
- …
- Ah oui, mais si tu lui mets de l’argent dans les mains, il peut tout te passer. »
Il raccroche, se tourne vers moi, jubilant.
« T’avais raison, je concède d’emblée. Je me suis planté.
- Je te l’avais dit. Il a voulu me faire passer pour un client, alors que c’est lui qui a une tête de client !
- Un “client” ?
- Ouais, un zgeg.
- Un “zgeg” ?
- Un mongolien, qui paie pour n’importe quoi. L’enculé ! »
On longe la côte, mer bleue sous ciel bleu, avec des navires, des plongeoirs, des rochers en contrebas. Je laisse retomber l’excitation.
« Et si ta boîte ferme, là…
- J’avais les boules quand j’ai appris le redressement et tout… Juste au moment où je décroche un CDI, le mektoub ! Avec les retards de salaire en plus, j’allais me casser. Et puis j’ai demandé à ma conseillère juridique, elle m’a rassuré : “Surtout, reste. Comme ça, si y a liquidation, tu auras droit à toutes les indemnités, et à une formation en plus.” L’idéal, c’est que je voudrais passer le super-lourd, comme ça je ferais équipe avec mon frère.
« Ou alors, je rachèterais un petit camion, on est mieux à son compte. Et je prendrais un copain avec moi, à la place de guetter les flics. Et si ça tourne bien, hop, j’en prends un deuxième. Que des gars qui ont été dans ma situation, mais s’il est pas sérieux, je le vire. »
Avant lui, la Perrette de La Fontaine a renversé son pot au lait. Je l’écoute donc avec le sourire, Yacine, à peine embauché, presque déjà licencié, et qui s’imagine en auto-entrepreneur, self-made man à l’américaine, témoin des aspirations de ces quartiers populaires, du conformisme de cette jeunesse, moins en rupture avec l’ordre que tenue en marge malgré elle.
« Je resterai chez mes parents mais je ferai un prêt pour un appartement, et au bout de cinq ans je rembourserai mon crédit et j’en prendrai un deuxième. C’est comme ça qu’on construit son empire (geste des mains, inch’Allah, lâchant le volant) avant de partir et de le laisser à ses enfants. »

Nicolas et Nadir : [*« On en fait un rouge ! »*]

« Et si Yacine, là, avec qui j’ai passé une journée, super-gentil, courageux, mais qui vise à la débrouille, à acheter des appartements, qui vit façon “l’homme est un loup pour l’homme”, s’il entre chez vous…
- On en fait un rouge ! La classe, c’est pas génétique, ça se fait sur le lieu de travail.
« A un moment, la direction avait procédé à une quinzaine d’embauches, mais loin loin de notre bassin, pour casser la culture de la centrale. Mais ça n’a rien changé. On a eu de tout, des fils de patrons sont rentrés dans l’entreprise, vent debout contre nous : “Vous, la CGT, vous êtes des fous… - Oh, attends, on va discuter deux minutes”, et à force de débattre on y arrive.
« Si on est passés de 90 à 140 syndiqués, c’est qu’on a cette chance, chez nous, cette conquête : on a le temps de discuter. Dans d’autres boîtes, ils sont pressés, ils ont pas le temps de prendre un café ensemble, ils se mettent quoi dans la tête ? Juste la télé.
« Nous, les délégués, quand on arrive dans un service, on parle de ballon, ou de cul, cinq minutes, un quart d’heure, ça dérive sur la politique. Le chef, chez nous, il ne vient pas en interdisant. Il ouvre la porte : “Ah, vous êtes en réunion…”, et il repart timidement.
« C’est le rapport de force qui crée cet espace-là, cette communauté. Et c’est notre plus grosse victoire, là : qu’on va faire embaucher quarante jeunes du bassin gardannais, qui vont sortir de la galère, qui vont arrêter les stages chez Mac Do et compagnie, mais aussi le respect. Ils ont vu qu’on était prêts à s’organiser pour tenir six mois…
« Ton Yacine, il m’a l’air bien moins con que moi y a quinze ans ! Ce potentiel-là, d’éveil, de contestation, tu le sens chez plein de personnes. Mais si, dans les quartiers, ou dans les boîtes après, t’as pas, comme nous on a eu, des militants comme Jean-Louis, comme Roland, des gens qui nourrissent ça, qui t’arrosent comme une plante, avec des aspirations différentes, s’il reste que la télé, les marques, le bizness, le modèle unique, faut pas espérer de miracle. »

Yacine : [*« Une usine de quoi ???!!! »*]

« J’aime pas les cyclistes, ils roulent lentement. »
Dans les rues d’Aix, une mamie se traîne à vélo, devant notre capot. Yacine s’occupe avec son iPhone, en envoyant un message : « Il a voulu me la faire à l’envers, mais c’est moi qui vais lui faire à l’envers.
- Tu fais quoi ?
- J’ai envoyé les photos à ma boîte. Comme ça, ils transmettront à leur assureur et ils verront bien qu’il y a aucun dégât. Faut être malin. Guillaume va se prendre la carotte ! »
J’en rigole.
« Pourquoi tu ris ?
- Je sais pas, c’est cette histoire de pare-chocs, qui a rythmé toute notre journée, comme un gag à répétition avec Guillaume. »
Cette anecdote m’amuse et me navre, en vérité. Comme un symbole, comme si la jungle gagnait du terrain, comme si, moi aussi, ou mes enfants, on allait devoir s’adapter à cette loi de l’époque, à cette guerre du tous contre tous.
« T’en penses quoi des syndicats ?
- …
- Et de la politique ?
- Je m’en tape royal de tout ça. J’y connais rien. Tout le monde s’en bat les couilles.
- Et tu sais si tes parents, ou d’autres parents, ils bossaient dans une usine ?
- Une usine ? il m’interroge, effaré, comme s’il découvrait ce mot. Une usine de quoi ???!!! »

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