Radio France : le con-quoi ?

par L’équipe de Fakir 31/03/2015

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Au 13ème jour de grève, auditeurs (critiques) de France Inter, nous soutenons les salariés de Radio France. Avec notre oreille à nous. Avec notre souci : le contenu.
Mais la direction y songe-t-elle, à ce contenu ?
Dans quelles instances en discute-t-on, à la Maison de la Radio ?
C’est un trou noir, à écouter syndicalistes, députés ou membres du CSA.

[(A travers des réunions publiques, des interpellations d’institutions, voire des manifestations, le collectif « De l’air à France Inter » pointe ce contresens : une radio sans reportage. Car France Inter ne compte, aujourd’hui, plus aucune émission quotidienne de reportage !
Pour retrouver tous les articles en lien avec la grève à Radio France, c’est par là !)]

[*Voici l’échange le plus éclairant,*] pour nous, auditeurs, de votre AG où s’est rendu le président de Radio France :
Un salarié : C’est quoi, pour vous, la radio en 2015 ?
Mathieu Gallet : Aujourd’hui, c’est réunir le public le plus large possible, le plus diversifié possible, avec une gamme de radios la plus complémentaire possible, et aussi avec la possibilité de pouvoir toucher ce public avec des nouveaux modes de distribution. C’est le numérique. C’est la mobilité. C’est la radio-visuelle. C’est le smartphone. C’est les applications.
Une salariée : D’accord, mais qu’est-ce que vous mettez, entre guillemets, dans les tuyaux ? Des documentaires ?
Mathieu Gallet : Bah bien, les documentaires, on peut le ré-écouter en podcast et d’ailleurs ça marche très bien.
La salariée : On est d’accord avec vous pour la modernité, qu’il va falloir changer l’enveloppe, mais qu’est-ce que vous mettez dedans ?
Mathieu Gallet : C’est les contenus, c’est ça qui fait notre spécificité, oui, c’est des documentaires puisque les autres radios n’en font pas.
Au fond, le président de Radio France ne comprend pas la question. On lui parle de « contenu », il répond « mobilité ». Il vante finalement le « documentaire », comme ça, mais pour donner un gage, sans réflexion ni conviction.

[*On pourrait moquer ce « manager »*] qui ne connaît rien à son propre « produit », et qui en vendra demain un autre, sous une autre « marque ». Mais le souci nous paraît, malheureusement, plus institutionnel, dépasse l’individu.
Le premier à qui nous l’avons demandé, c’est Lionel Thompson, votre délégué SNJ-CGT : où est discuté le contenu ? au Comité d’entreprise ? « Non, on n’aborde pas vraiment ces questions. » Au Conseil d’administration, alors ? « Non, pas vraiment. »
Côté députés, on a interrogé Patrick Bloche, président de la Commission des affaires culturelles : discutez-vous du contenu ? « Non, il n’y a pas de discussion sur les programmes en tant que tel. Et comme représentant de l’Etat, je suis le moins bien placé pour lancer cette discussion : ce serait la remise en cause de l’indépendance. »
Et même son de cloche au CSA, avec Mémona Hintermann-Afféjee.
Cette découverte fut, pour nous, novices, naïfs, une grande surprise.

[*Sans connaître tous les rouages de votre Maison,*] permettez-nous une analyse. Sans lieu de discussion sur les contenus, voire de contre-pouvoir, l’ « indépendance » proclamée tourne à la monarchie. Le président nommé, avec ses directeurs, peut virer des émissions, en créer de nouvelles, bouleverser la grille, selon son bon ou mauvais goût - avec d’autant plus de facilité que les producteurs et leurs collaborateurs sont souvent précaires.
Il nous semble nécessaire qu’un comité existe, à Radio France, pour échanger sur les contenus. Que les décisions reviennent, en dernier lieu, à la direction : soit. Mais que ces débats aient lieu. Que cette monarchie en devienne, à tout le moins, un peu éclairée…

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Messages

  • cela me semble mal barré car les motifs profonds de la grève ne sont pas expliqués aux auditeurs.c est dommage !!! les grévistes ne peuvent ils pas l expliquer à l antenne ?

  • Je soutiens à 100 % vos propos.
    Comment se fait-il que ce sujet soit si peu soulevé parmi les revendications ?
    Notamment sur la pensée unique diffusée quotidiennement par les journaux des différentes radios de RF.
    Il est essentiel qu’une radio publique nous informe de façon pluraliste en matière de social, d’économie, de politique, etc.
    Ceci, sans parler du contenu des autres émissions. Ce que vous faîtes très bien.
    Merci de soulever (enfin !) ce problème qui me semble majeur. Gageons que vous soyez entendus.