Avec Fakir, mourez utile !

par François Ruffin 24/04/2013 paru dans le Fakir n°(59) février - mars 2013

On a besoin de vous

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Comme Jackis, mourir, c’est l’occasion de servir la cause fakirienne... jusqu’à votre dernier souffle !

[*Cher Jackis,*]
tu permets qu’on se tutoie, même si on se connaissait pas ?

[*Je sais pas trop*] à quelle adresse on doit t’envoyer ton Fakir, maintenant, si c’est au paradis, chez Allah, ou au premier sous-sol du cimetière de Féron.
Je sais pas trop si tu vas diffuser des T’chio Fakirs là-haut, mettre les anges en grève et Saint-Pierre en colère.
Je sais pas trop si, grâce à toi, les zombies vont revenir avec des drapeaux rouges.

[*Mais y a un truc*] que je sais.
C’est que c’est toi qui crèves, toi qui te chopes le cancer, toi qui te tapes sans doute des chimios et des mois d’hosto, et que tu trouves le moyen, dans la dernière ligne droite, de nous remonter le moral, à nous les bien vivants. Et rien qu’à t’imaginer, dans ton lit trop blanc, pas bien vaillant, mais qui pense à nous encore, qui nous inscrit dans ton quasi-testament, ça nous file un étrange courage. On n’a plus le droit de lâcher.

[*J’ai eu ta femme*] Annie, tout à l’heure, au téléphone (que t’avais rencontrée aux Jeunesses Communistes de Fourmies… tout un programme, déjà), et elle m’a déclaré, rieuse : « C’est pas avec ça que vous allez vous payer votre jacuzzi ! »
Tant pis pour les bains de bulles, mais en ton honneur, on fera péter les bulles. Champagne pour tous, tu serais pas contre ?

[*Et peut-être que,*] comme à ton enterrement, on entonnera « C’est beau la vie » de Ferrat :

Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l´horizon
Quelques mots d´une chanson
Que c´est beau, c´est beau la vie

Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par dessus tout
Que c´est beau, c´est beau la vie.

Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j´ai cru trop vite
À jamais perdu pour moi

Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c´est beau, c´est beau la vie.

_

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[*Ou encore*] « La tendresse », de Bourvil :

On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y’en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas

On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Être inconnu dans l’histoire
Et s’en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n’en est pas question
Non, non, non, non
Il n’en est pas question

Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment
_

<tac_youtube|id=hu9HWb0408Y>


C’est un bel héritage que tu nous lègues là : mieux vaut être vivant que mort, c’est ça ?

Je compte sur toi pour la propagande dans l’au-delà.

Amitiés fakiriennes,

François Ruffin

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