Assistante parlementaire entre deux eaux troubles

par L’équipe de Fakir 06/04/2017

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Il y a 10 ans Fakir avait posé quelques questions à Geneviève Salsat assistante parlementaire avec une double casquette…

Pour vous résumer la situation : Au printemps 2006 était votée au Parlement une « loi sur l’eau ». Ce texte favorisait, sans surprise, les trois multinationales françaises du secteur (Véolia, Suez, Saur). A l’intérieur de l’Assemblée Nationale, bien des « députés sous influence » ont joué des coudes et des amendements pour soutenir ces entreprises – contre, par exemple, l’expérience menée dans les Landes d’un retour au service public de l’eau. Ainsi de Geneviève Salsat, à la fois assistante parlementaire de l’élu breton Aymé de Kerguéris (UMP) et directrice des relations institutionnelles chez Saur. Nous l’avons appelée.

Fakir : Bonjour. J’ai découvert, dans une revue Aquae que vous étiez à la fois assistante parlementaire, et... euh... je ne sais pas quelle est votre responsabilité...

Geneviève Salsat : Directrice des relations institutionnelles chez Saur... Oui ?

Fakir : Directrice des relations institutionnelles chez Saur... Oui. J’aimerais bien savoir ce que vous pensez de cette double casquette, disons.

GS : Moi très simplement, je pense que c’est une bonne chose, sinon je ne le ferais pas. J’ai une déontologie très stricte, donc si j’estimais que c’était pas bien, c’est quelque chose que vis-à-vis de moi-même je ne ferais pas. La deuxième chose c’est que... euh... on fustige les parlementaires ou les hommes politiques, on dit que le monde politique est totalement déconnecté de la société civile... Alors quand vous avez des gens qui font un peu cette passerelle, cette ouverture, je trouve que c’est plutôt bien parce qu’on participe à ce que les choses soient le plus concrètes possibles et le mieux possibles, voilà.

Fakir : Etre assistante parlementaire, avoir un certain nombre de contacts avec les députés, avec les maires, et avoir également un pied dans une entreprise qui cherche à avoir des marchés publics...

GS : Mais je vous arrête tout de suite : moi je ne fais pas de commercial. Je fais simplement en sorte que les gens se rencontrent, que les textes qui sont votés soient au plus près de la problématique réelle. Quand j’organise des déjeuners parlementaires sur les économies d’eau, les parlementaires ont besoin de savoir quelles sont les techniques qui permettent les économies d’eau.

Fakir : Pour parler des économies d’eau, est-ce que c’est forcément les dirigeants de la Saur qui sont les mieux à même d’en parler ?

GS : Mais bien sûr !

Fakir : Mmh... Par exemple au printemps, il y a eu une loi qui a été votée. Et donc, quand vous dites (là, c’est dans Députés sous influence) : « J’ai aidé le syndicat professionnel des entreprises de service d’eau et d’assainissement à rédiger des amendements transmis aux députés. » Comment ça se passe en fait ?

GS : Alors déjà, premièrement, je n’ai jamais dit ça.

Fakir : Vous n’avez pas aidé ?

GS : C’est pas que j’ai pas aidé : j’ai apporté ma réflexion. Quand moi je suis à l’Assemblée nationale, je suis à l’Assemblée nationale. Je fais mon métier le plus honnêtement possible, hein. Simplement moi j’estime que si, à mon niveau, je peux aider à ce que de bonnes décisions soient prises, que les gens se comprennent, que les gens se connaissent, que les gens s’expliquent, euh... Eh ben j’aurais fait mon métier comme il faut.

Fakir : Le directeur de la communication de Saur, il dit que grâce à vous, il a accès aux maires et aux conseillers généraux qui siègent à l’Assemblée...

GS : Eh bien, il a tort de dire ça parce que moi je n’ai pas accès aux maires. Alors si un parlementaire est maire, moi je le vois en tant que parlementaire.

Fakir : Oui, mais vous êtes intercesseur dans cette histoire quand même...

GS : Je suis pas intercesseur ! Moi je m’occupe pas des relations commerciales. Ce que je n’aime pas, moi, dans toute cette histoire, c’est qu’on jette une suspicion sur des gens qui font leur métier honnêtement...

Fakir : Mais vous avez déjà un métier. Assistant parlementaire, c’est déjà un métier, il y a un revenu qui est lié à ça. On peut se demander, quand même, quelle est la nécessité d’aller chercher un deuxième métier à côté.

GS : Mais il y a des tas de gens qui font deux métiers l’un à côté de l’autre. C’est pas répréhensible du tout. Vous pouvez être payé et avoir une déontologie très stricte hein, et une honnêteté intellectuelle très stricte.

(exclusivité édition électronique)

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