30 ans d’injustice fiscale : L’impôt, est-ce que ça marche ?

par François Ruffin 07/12/2013 paru dans le Fakir n°(48 ) décembre - janvier 2011

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Depuis trente ans, les gouvernements se suivent et leur politique se ressemble : faire baisser les impôts sur les bases « mobiles » (capitaux, entreprises, riches), et relever ceux sur les bases « immobiles » : vous et moi. Cette orientation se vérifie pour toutes les taxes, et dans tous les pays du continent. C’est qu’une même logique est à l’œuvre : la concurrence fiscale.

La fonction première de l’impôt, c’est de financer les services communs – ou publics. La seconde, c’est de redistribuer les fortunes.
Alors, est-ce que ça marche ?
Un chiffre suffirait à prouver cette efficacité : avant impôts et transferts sociaux, le taux de pauvreté relative en France avoisine les 24 %. Après impôts et transferts sociaux, on tombe à près de 7 %. C’est trop, certes. C’est tout de même trois fois moins (publication du Sénat, 2/07/08).

Dans le détail, cependant, ce n’est pas la fiscalité, directement, qui réduit les inégalités. Plutôt ce qu’elle permet, indirectement. Les revenus primaires (c’est-à-dire avant taxes et allocations) des 20 % les plus riches sont ainsi, dans notre pays, 8,1 fois plus élevés que ceux des 20 % les plus pauvres. Après impôts, cette proportion est à peine modifiée : 7,6 fois plus. Les prestations sociales, déjà, ramènent ce rapport à 5 (grâce aux retraites, notamment : en 1970, 27,3 % des vieux étaient pauvres – contre 3,1 % en 2001). Mais qu’on y ajoute les transferts sociaux en nature (la santé et l’éducation, notamment, les bibliothèques, les subventions aux clubs de judo, les piscines municipales, etc.), et les 20 % les plus riches disposent alors d’un revenu – d’un « niveau de vie » – 3,2 fois plus élevé que les 20 % les plus pauvres.
Ici encore, c’est trop, certes. M’enfin, 3,2, c’est déjà mieux que 8,1.
L’ennui, c’est que tous les instruments d’égalité – ou d’une moindre inégalité – sont tour à tour cassés : les retraites, les services publics, et également une fiscalité déjà peu progressive – qui l’est rendue encore moins. Le balancier de l’histoire repart en sens inverse…

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Messages

  • Intéressant, mais je serais curieux d’avoir les mêmes chiffres avec les 5% les plus riches, et les 5% les plus pauvres... Voire surtout pour les 1% les plus riches et les 1% les plus pauvres... Parce que tout ça paraît tout à fait respectable (3,2 X), mais les ultra-riches qui accumulent énormément sur le dos de tous les autres sont complètement floutés par ces statistiques où on les agrège avec les "20% les plus riches" c’est-à-dire avec des très riches, certes, mais aussi avec des gens qui doivent gagner 3000-3500 € par mois. Et c’est ce qu’ils veulent, les Bernard Arnault et autre Liliane Bettencourt, c’est qu’on les agrège avec les cadres moyen-sup, pour qu’on ne se rendent pas compte du système fiscal qui malheureusement n’a fait qu’amplifier les inégalités depuis 10-20 ans, et ce surtout parce que les "happy few" gagnent de plus en plus...

  • parfaitement je partage le commentaire de Pedro et j’ajoute que lorsque tous les patrons d’entreprise comme moi(10 salariés ) et autre artisans, agriculteur ect... comprendront qu’ils n’on rien de commun avec tous ces riches du cac : nous aurons fait un grand pas en avant et ils n’auront plus peur de JLM

  • Bonjour, je ne suis pas socialiste ni communiste car cela relève pour moi d’une idéologie qui me semble spolier les droits fondamentaux de tout homme.

    Toutefois j’apprécie la démarche de votre journal et vous souhaite plein de bonnes choses.

    Sur cette question que vous soulevez. Je trouve l’angle de vue très intéressant. Je souhaite apporter, sans aucune agressivité des éléments de contre argumentation juste pour le débat et la discussion... Je suis libéral, au sens centre droit (qui n’existe pas) du terme et surtout en total rejet avec tant la politique de l’UMP que du PS, que de Mélenchon que de Le pen. DOnc SVP ne me mettez pas dans ces catégories...

    Deux points sje souhaite soulever qui ne sont pas une critique vis à vis de la démonstration ici faite mais plus des sujets de réflexion qui digressen.

    Premièrement : la casse des instruments d’égalité :

    Sur ce sujet le problème c’est que tel qu’ils sont conçus, ils ne sont plus finançables sur la richesse produite. Ok pour l’égalité (pourquoi pas, je suis libéral oubliez pas ...) mais si elle casse la création de richesse, il n’y a plus rien à redistriber et pauvres comme riches iront rejoindre les rangs des chômeurs ...

    Aujourd’hui elle est financée par la dette. Et nous sommes à bout. ET la principale raison n’est pas l’avidité des banquiers (qui ne fait aucun doute). Cette dette menace toute la machine.

    Et si la solution n’était pas dans la reconception de ces service. L’impôt négatif serait une bonnne chose, le chèque éducation aussi. Les libéraux (ultra turbo) ont développé l’idée de l’impôt négatif c’est à dire une sorte de revenu universel, donné chaque mois à tous les français de la naissance à la mort et qui vient en remplacement de tous les services publics indépendamment du fait qu’ils travaillent ou non. Genre 700€ par mois à tout le monde. Pour une fammile de 4 personnes cela fait 2800€ plus les salaires issus du travail. Mais attention, cela vient en remplacement de tout.

    Deuxièmement : pourquoi vouloir égaliser les revenus à tout prix ?

    Si je gagnais 50 000 euros je m’en foutrais royal qu’un autre type gagne 1 million. Avec 50 000 je vivrais bien au dessus de ce que je dépense et je pourrais facilement vivre comme je veux.

    Pour ma part je sens qu’à cause du poids de l’état, il n’y a plus d’opportunités de gagner 50 000 euros. Je préfèrerais une politique qui aboutisse à ce que je puisse avoir de telles opportunités même en travaillant dur pour ça. Plutôt qu’une politique qui ne pense qu’à piquer du fric et le redistribuer tantôt aux riches, tantôt aux étrangers, tantôt à la presse, tantôt à je ne sais qui mais jamais à moi de toute façons... Et puis franchement à avoir donné ce rôle distributfs aux hommes politiques force est de constater que la première des choses c’est qu’eux ils vivent extrêmement bien sur la bête ...

  • Salut,

    je voulais savoir s’il y avait une définition officielle de la pauvreté ou du seuil de pauvreté.
    Je crois que c’est une notion relative du genre : ceux qui gagnent mois que X% du revenu moyen.
    Vous savez à combien s’élève X en France ?
    Et le revenu moyen (je ne parle pas des salaires qui ne sont qu’une partie des revenus du travail correspondant à un statut particulier) ?
    D’autre part si tout le monde gagne la même chose, il n’y a plus de pauvres, n’est-ce pas ?
    Mais si tout le monde gagne 100 ou 10000, ce n’est pas pareil non plus.
    Bon voilà, c’était dans la série : les choses dont tout le monde parle (le seuil de pauvreté par exemple) mais que personne n’explique (à part Fakir, hein ?).
    Amitiés.
    Cyril

  • Franchement, je ne pense pas que ce soit très efficace pour redistribuer les revenus. Pour preuve, maintenant, les écarts de revenus ne font que se creuser.http://bestforex.fr